Pour s’éclater en eaux vives, ce passionné d’outdoor a zappé l’entraînement fonctionnel et lui préfère l’entraînement ciblé.
Paul Clark a une vie de rêve. À 46 ans, il sillonne en SUP les eaux vives des quatre coins de la planète. Avant, il a été moniteur de kayak de mer en Alaska et au Mexique, patrouilleur à ski et maître-chien d’avalanches. Il est venu à bout du Pacific Crest Trail, a vécu dans un igloo pendant trois mois et a traversé le golfe de Californie en SUP (1 600 km) à deux reprises.
À l’approche de la cinquantaine, Paul a pour nouvelle passion, le stand-up paddle, qu’il a découvert en 2013. Son kiff : les eaux vives et les expéditions en solo et en autonomie sur des fleuves comme le Kaituna en Nouvelle-Zélande ou le Petrohué en Patagonie. « J’ai toujours préféré les sports qui peuvent se pratiquer en solitaire, et dans lesquels ont doit avancer, confie-t-il. Que ce soit à ski, en kayak ou en SUP, l’idée de pouvoir aller à mon rythme, en m’appuyant sur ma seule force, me séduit particulièrement.”
Paul, qui vit de sa passion pour l’outdoor depuis 20 ans, habite dans un van et passe le plus clair de son temps sur les routes. Il crée du contenu pour des marques et organise des stages de perfectionnement en SUP. Il a remarqué que ce sport attirait les athlètes chevronnés et d’âge plus mûr, comme lui. « Descendre des rapides confiné dans un kayak n’a jamais été d’un grand confort pour moi. Dès que j’ai réalisé que je pouvais installer un sac étanche à l’avant de la planche et partir comme ça pour plusieurs jours, je suis devenu accro. »
Les ravages de l’inertie
La plupart de ses stagiaires sont des kayakistes d’eaux vives d’un bon niveau, ne souhaitant pas prendre de risques en classe III, mais avec une vraie envie de continuer à se faire plaisir passé 40 ans. « L’idée n’est pas d’être à fond dans la performance, mais d’explorer la nature, explique Paul. Avec un paddle, on peut redécouvrir une rivière. »
Paul, comme d’autres, ne s’attaque ni aux chutes d’eau, ni aux trains de vagues de classe V. Il préfère se confronter aux rapides de classe III et entrée de classe IV. Mais l’effort fourni n’en est pas moindre. Selon lui, le SUP en eaux vives réclame un physique et un mental bien particuliers, qu’on ne retrouve pas dans les autres sports d’aventure.
Quand son quotidien était fait de ski, kayak de mer et randonnée, l’athlète évitait soigneusement tout protocole d’entraînement routinier. Ses sessions de sport remplissaient à ses yeux très bien ce rôle. Depuis qu’il s’est lancé dans le paddle, il voit les choses différemment : « Si à mon âge on se pose une minute, le corps et le cerveau suivent vraiment moins bien. L’inertie fait des ravages. »
Miser sur la mémoire musculaire
Aux entraînements fonctionnels qui sollicitent le corps dans son ensemble, Paul préfère les exercices ciblés, centrés sur les mouvements dont il a besoin sur son paddle. Il s’appuie notamment sur la mémoire musculaire et la connexion cerveau-corps. Il a toujours dans son van un kettlebell de 7 kg et une batte de 7 kg elle aussi, réalisée spécialement pour lui. À chaque arrêt, il enchaîne, ainsi lesté, une série de squats et fentes. Il maintient sa position basse quelques secondes en faisant des mouvements de rotation.
Ces exercices sont cruciaux avant de monter sur le paddle. Grâce à eux, le corps est déjà prêt à garder une posture fléchie en restant en équilibre. « Le sport en eaux vives se fait sur un rythme lent. Rien à voir avec le ski ou le VTT, où on peut atteindre 30 km/heure. Il faut se préparer et tenir une posture pendant un bon moment. C’est avant tout une question d’équilibre, d’agilité et d’ancrage, mais l’idée est plutôt de s’entraîner à réaliser certains mouvements bien spécifiques pour justement ne plus avoir à y penser, témoigne Paul. C’est là que la mémoire musculaire doit entrer en jeu. »
En complément de ces exercices qui l’aident à déplacer son centre de gravité vers le bas, il insiste sur l’importance de développer un mental d’acier, indispensable pour le SUP en eaux vives. « Moins vous cogitez, plus vous laissez votre corps mener la danse, mieux ça fonctionne sur le paddle. Lors des stages de perfectionnement que j’anime, je vois dans les yeux des gens s’ils vont tomber ou non. S’ils ont peur, c’est qu’ils réfléchissent trop. Et dans ce cas, c’est cuit. »
La mini-leçon de Paul Clark
- Enchaîner des séries de mouvements dès qu’on monte sur la planche. « Pour que le corps soit habitué à rester centré en position basse », insiste-t-il.
- Lorsque l’eau est calme, on commence sur les genoux. On prend un contre-courant, puis on en sort. Le fait de s’entraîner ainsi dans des eaux tranquilles force le corps à travailler toute une gamme de mouvements et positions.
- On ne laisse ensuite qu’un genou sur la planche, l’autre jambe fléchie, pied devant. On recommence, contre-courant, reprise. On change de genou et on recommence.
- On se tient en position semi-accroupie, torse droit mais fessier baissé en direction des talons. La tête doit arriver à peu près à la même hauteur que lorsqu’on est à genoux.