Le remplacement du téléski du glacier de la Girose par un téléphérique sur la commune de La Grave, entre le col des Ruillans (3 211 m) et le sommet du dôme de la Lauze (3 568 m), continue de mobiliser les opposants au projet. Ils craignent que la « Mecque » du freeride y perde son âme et sont peu convaincus par sa viabilité économique. Las, en février dernier le commissaire-enquêteur a rendu son avis : il penche en faveur d’un projet qui depuis le dépôt du permis de construire cet été, ne cesse de diviser. Et voilà que, sans tarder, la Société d’Aménagement Touristique de la Grave (SATG) pourrait lancer les travaux d’implantation du troisième tronçon du téléphérique de La Grave, alertent associations et ONG qui vont donc lancer un recours.
« Rotations d’hélicoptères, présence sur le rognon rocheux, piétinement et destruction d’habitat naturel d’intérêt communautaire… Tout laisse à penser que la Société d’Aménagement Touristique de la Grave (SATG) lance les travaux d’implantation du troisième tronçon du téléphérique de La Grave, situé à 3300 mètres sur le glacier de La Girose, avant le jugement sur le fond par le Tribunal Administratif de Marseille prévu en 2024 », s’inquiètent les associations mobilisés contre ce projet dans un communiqué de presse diffusé hier, mercredi 20 septembre.
Alors même que la présence d’une espèce protégée rare a été constatée sur le site du projet, la SATG serait sur le point de lancer les travaux. « Un passage en force que les associations de protection de l’environnement dénoncent et vont contrer par une nouvelle action en justice » expliquent-elles.
Mountain Wilderness France, La Grave Autrement, la Société Alpine de Protection de la Nature – France Nature Environnement 05, FNE PACA, FNE AURA, la LPO PACA et Biodiversité sous nos pieds, ont donc déposé hier, mercredi 20 septembre, un référé liberté visant la suspension immédiate de ces travaux.
De quoi s’agit-il exactement ? « La révélation de la présence de l’Androsace du Dauphiné, espèce protégée au niveau national, sur le rognon rocheux par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et le laboratoire d’écologie alpine du CNRS (Univ. Grenoble Alpes, Univ. Savoie Mont-Blanc) a conduit nos associations à demander au Préfet des Hautes-Alpes, en conformité avec la loi sur les espèces protégées, de conditionner le démarrage des travaux à l’octroi d’une dérogation pour destruction d’espèces protégées », explique le communiqué. Or « celui-ci n’a plus que quelques jours pour répondre à notre demande ; sans attendre, la SATG veut passer en force et démarrer les travaux, ce qui provoquerait un risque caractérisé de destruction de l’Androsace et des dommages irréversibles sur cet environnement refuge pour d’autres espèces menacées par le changement climatique.
En parallèle de leurs actions devant les tribunaux, nos associations appellent tous les habitants et citoyens à se mobiliser pour faire stopper ces travaux, symbole de la poursuite déraisonnée d’un modèle aménagiste qui détruit notre écosystème depuis de trop nombreuses années. Alors que tous les voyants sont au rouge, pouvons-nous encore nous permettre ces projets obsolètes, coûteux, et profondément hors-sol ?
« Il existe d’autres voies pour nos montagnes. À la Grave, un travail collectif pour un projet alternatif est en cours », ne cessent de rappeler les associations ». Une alternative qui concilie montagne à vivre et montagne sauvage, qui permet de penser le territoire dans sa globalité, au-delà du « tout-tourisme ».
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