Après une succession d’annulations et d’exclusions d’événements sportifs internationaux, le positionnement du Comité International Paralympique vis-à-vis des athlètes russes et biélorusses était très attendu. Et à deux jours du début des Jeux, il vient de trancher : ils pourront concourir… sous bannière neutre ! Une énorme déception pour « Global Athlete », le collectif de sportifs ukrainiens qui avait appelé à la suspension de la Russie et de la Biélorussie dans une lettre ouverte adressée au CIO fin février.
Quelques jours après l’invasion russe, dans l’espoir de faire bouger les lignes, des sportifs ukrainiens – biathlètes, skieurs, boxeurs, gymnastes entres autres – avaient écrit une lettre ouverte à Thomas Bach et Andrew Parsons, respectivement présidents du Comité International Olympique (CIO) et du Comité International Paralympique (CIP). « L’invasion de l’Ukraine par la Russie, soutenue par la Biélorussie, est une violation manifeste des chartes olympique et paralympique, une violation qui doit faire l’objet de sanctions sévères », précisaient les signataires, via le groupe de pression Global Athlete qui vise à donner une voix aux sportifs. Leur souhait ? « Le bannissement de tous les athlètes [russes et biélorusses] du sport international, y compris ceux des Jeux paralympiques de Pékin 2022 ». Une volonté guère écoutée par le CIP au vu des dernières annonces.
« Ils concourront sous le drapeau paralympique et ne figureront pas au tableau des médailles », vient de préciser le Comité International Paralympique aujourd’hui, mercredi 2 mars, dans un communiqué diffusé sur son site internet. Une décision en demi-teinte qui fera sans doute sourire Poutine, sachant que le drapeau russe était déjà interdit sur les Jeux Paralympiques de Pékin, en guise de sanction pour dopage et manipulation de données soutenues l’Etat ! De plus, elle vient à l’encontre du CIO qui exhortait, pas plus tard que lundi 28 février, les fédérations à bannir de toutes les compétitions les Russes et les Biélorusses.
« C’est un moment très difficile pour le monde et le mouvement paralympique », a déclaré le président du Comité International Paralympique, qui a dit comprendre la déception de ceux qui militaient. Il explique que les statuts du CIP ne permettaient pas l’exclusion des athlètes russes et biélorusses, pas avant l’organisation d’une assemblée générale prévue plus tard cette année « pour faire du respect de la trêve olympique une condition d’adhésion, et pour suspendre l’adhésion des comités paralympiques russe et bélarusse ».
Aussitôt, les membres de Global Athlete ont réagi, manifestant leur déception et leur incompréhension. « Hier, le biathlète ukrainien de 19 ans Yevhen Malyshev a été tué au combat en Ukraine, en défendant son pays contre l’attaque de la Russie. Combien d’autres vies doivent être perdues avant que le sport ne mette en œuvre des sanctions significatives ? » interroge la lettre ouverte. « Le CIO et le CIP continuent de privilégier la politique aux principes et les intérêts de la Russie à ceux des athlètes. […] Ne vous méprenez pas, le sport est politique. […] Les prétentions des administrations sportives à la ‘’neutralité politique’’ sont un mensonge commode utilisé pour détourner les appels à défendre les droits de l’homme et la paix. […] Les requêtes des athlètes ont été mises de côté au profit des intérêts russe au profit des effusions de sang » déplore Global Athlete.
Reste à savoir comment comptent réagir les sportifs paralympiques. Vont-ils être plus courageux que le CIP en refusant, comme l’ont fait tous skieurs étrangers ce week-end, de participer à ces olympiades ? Quoi qu’il en soit, ces Jeux auront une saveur bien particulière… Et elle risque d’être très amère.
Photo d'en-tête : Zhang Kaiyv