Trois fois plus de victimes d'avalanche cet hiver comparé à l'année dernière

Trois fois plus de victimes d’avalanche cet hiver comparé à l’année dernière

  • 27 janvier 2021
  • 3 minutes

Hier encore, trois skieurs ont été tués par des avalanches, élevant à une quinzaine le nombre de personnes victimes de coulées neigeuses depuis le 22 décembre. Un nombre trois fois plus important que l’année dernière, où à la même date, on comptait quatre victimes d’avalanches seulement. Pourquoi y a-t-il plus d’accidents ? Décryptage. 

« Le manteau neigeux est particulièrement instable cette année ». Ce message, c’est celui des professionnels de la montagne qui rappellent les conditions particulièrement dangereuses qui guettent les skieurs et randonneurs cet hiver – et notamment la FFCAM qui, depuis décembre dernier, alerte sur l’instabilité de la « couverture neigeuse ». 

Des Alpes aux Vosges

Malheureusement, ces prévisions ce sont avérées fatales pour une quinzaine de skieurs et de randonneurs, tués dans des avalanches depuis le 22 décembre dernier. Contre quatre victimes, à la date du 27 janvier 2020. Moniteurs de ski, skieurs, ou encore randonneurs – les victimes semblent pourtant être avertis des dangers de la montagne. 

Tous les massifs français sont touchés par ces drames : 12 morts dans les Alpes, 1 dans le Jura, 1 dans les Vosges et 1 dans les Pyrénées. Tous pratiquaient du ski de randonnée, et ont été tués par des avalanches – parmi eux, des jeunes, des skieurs aguerris, des guides suisses et des moniteurs de ski. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les importantes chutes de neige sur les massifs au cours des dernières semaines n’ont pas forcément renforcé le manteau neigeux. Comment expliquer cette hausse d’accidents ?

Un manteau neigeux « en millefeuille »

Parmi les principaux facteurs, on retrouve des conditions de neige très particulières cet hiver. « Cette année, le manteau neigeux est très instable. Ce manteau est un millefeuille, les couches supérieures paraissent solides car gelées, mais en dessous, c’est un véritable château de cartes », rapporte Alain Duclos, nivologue, spécialiste avalanche et membre de l’Anena (Association Nationale pour l’Étude de la Neige et des Avalanches), au Parisien. Par conséquent, le passage en raquette ou en ski d’un randonneur provoque le détachement de plaques de neige, et par la suite, une avalanche. 

Cécile Coléou, nivologue chez Météo France, rajoute que dans le Jura ou les Vosges, les autres années les décès étaient beaucoup plus rares. « Habituellement, dans ces massifs, le redoux pluvieux permet, lors du regel, la solidification de la couche de neige. Cela n’a pas lieu cette saison », précise-t-elle.. 

Post Facebook de l’Anena, Association Nationale pour l’Étude de la Neige et des Avalanches

Dans un post Facebook, Alain Duclos recense les liens de causes à effet qui ont également mené à cette hausse significative des avalanches – et des accidents mortels – et appelle à une « prudence supérieure à nos standards habituels » pour tous les randonneurs.

Cependant, les conditions météo ne sont pas les seules causes de cette hausse d’accidents. Comme nous l’expliquons dans cet article, ce ne sont pas les nouveaux adeptes du ski de rando qui sont les plus touchés en ce début de saison. Une récente étude américaine du très sérieux « Colorado Avalanche Information Center », Etat confronté aux mêmes restrictions que la France et où on a observé la même tendance, montre que la hausse des accidents sont aussi liés à celle des adeptes de ski de randonnée. L’équation est simple : plus il y a de débutants en ski de randonnée sur les pistes connues, plus les amateurs confirmés cherchent à fuir la foule – et, parfois, en surestimant leurs limites – menant à l’accident. Une hypothèse qui va de pair avec un essor fulgurant du ski de randonnée cette année, pour cause de fermeture des remontées mécaniques. 


Les 6 vrai/faux sur le ski de rando

  • Débutant, je peux partir seul en ski de rando. Faux. C’est fortement déconseillé. Si vous envisagez de commencer le ski de randonnée prochainement, surtout, ne partez pas seul(s). Rappelons que la plupart des accidents graves survenus au cours des dernières semaines concernent d’ailleurs des skieurs partis en solo.
  • Je suis bon skieur en alpin, je n’ai pas besoin de formation spécifique. Faux. Il faut impérativement passer par la case apprentissage auprès d’un guide, comme l’explique Vivian Bruchez, guide de Chamonix et expert en ski de pente raide, parmi ses 8 conseils pour débuter le ski de rando.
  • Trop de monde, je pousse plus loin que d’habitude. Faux. Face à une affluence inhabituelle dans une zone dans laquelle vous avez l’habitude de skier, arrêtez-vous et reconsidérez posément votre plan. Ne vous contentez pas de pousser plus loin. Compte-tenu de la situation actuelle du manteau neigeux, vous pourriez vous exposer à des risques inhabituels.
  • Un cours de prévention sur les avalanches, ça peut servir. Vrai. N’hésitez pas à vous y inscrire auprès d’une école de ski ou d’un bureau des guides, toutes les stations en proposent.
  • Le matériel de sécurité est complexe et cher. Faux, si vous considérez que votre sécurité n’a pas de prix. D’autant que vous pouvez aussi en louer en station. Quant à la maîtrise de l’équipement nécessaire, avec une bonne formation et un peu de pratique, elle est parfaitement accessible à tous.
  • Il fait beau, pas besoin de vérifier la météo. Faux bien sûr. On ne rappellera jamais qu’on vérifie toujours la météo locale et les prévisions d’avalanche chaque fois que vous envisagez une sortie en ski de rando. La veille, au matin et aussi en cours de journée, le temps pouvant évoluer très vite en montagne.

Photo d'en-tête : Matea :Unsplash
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