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Kilian Jornet et Andrzej Bargiel sur l’Everest cet automne, avant l’adoption des nouvelles règles

  • 3 septembre 2019
  • 4 minutes

La rédaction La rédaction L'équipe de rédaction est un noyau dur de journalistes passionnés, tous basés depuis un bon spot de grimpe, de trail, de ski ou de surf.

Alors que le gouvernement népalais a annoncé le mois dernier de nouvelles mesures pour encadrer l’ascension de l’Everest, répondant à une année 2019 marquée par de nombreux accidents, la saison automnale s’annonce agitée. Kilian Jornet et le skieur polonais Andrzej Bargiel seront notamment de la partie pour défier les pentes du plus haut sommet du monde.

Onze décès ont marqué la saison 2018/2019, la quatrième la plus mortelle de l’histoire d’un site désormais totalement dépassé par l’afflux d’expéditions. Le nouveau règlement, présenté lors d’une conférence de presse tenue à Katmandou le 14 août, vise à réduire considérablement le nombre de permis délivrés. Après approbation du Parlement népalais, il devrait entrer en vigueur au printemps 2020.

Un permis justement, Kilian Jornet a réussi à en dégoter un pour cet automne, et il n’est pas le seul. Comme le révèle The Himalayan Une autre équipe composée entre autres d’Andrezj Bargiel, connu notamment pour sa descente du K2 en ski, en partagera un second. 

Après sa très belle saison en trail – victoire à Zegama, Sierre-Zinal et Pikes Peak – le Catalan est qualifié pour la finale des Golden Trail Series qui se déroulera à Pokhara, au Népal. Il enchaînera avec une expédition sur le Lhotse où il accompagnera une petite équipe de trois personnes.

Andrezj Bargiel, pour sa part, se lance un nouveau défi pour le moins osé. Après le K2, il souhaite atteindre le sommet de l’Everest, skis sur le dos, et en dévaler les pentes, sans jamais déchausser.

Dans le même temps, non loin de là, Nims Dai tentera de boucler son projet de gravir les 14 sommets de plus de 8000 m en sept mois. Il ne lui en reste que trois : le Shishapangma (8 013m), le Cho Oyu (8 201 m) et le Manaslu (8 156 m). Mais d’autres projets sont déjà dans les tuyaux, comme le K2 en hiver sans oxygène, ce qui serait une première…


Pour rappel, voici les points clefs du rapport de 59 pages concernant la nouvelle réglementation pour l’ascension de l’Everest

  • Les agences devront avoir un minimum de trois ans d’expérience dans l’organisation d’ascensions en haute altitude avant de guider sur l’Everest.
  • Les alpinistes devront fournir la preuve qu’ils ont déjà atteint au moins un sommet de 6 500 mètres.
  • Les agences de guides factureront un minimum de 35 000 $ par client. (Si nous avons bien compris, cela comprendrait les droits de permis actuels de 11 000 $, ndlr).
  • Les officiels ont également réitéré les règles actuelles exigeant que les alpinistes aient un certificat de santé valide et embauchent un guide népalais « formé ».
  • Le rapport est nettement plus vague sur certains points. Il stipule ainsi que « les alpinistes visant Sagarmatha (zone au pied de l’Everest, ndlr) et d’autres sommets de 8 000 mètres devront suivre une formation de base en escalade à haute altitude ». Mais aucune précision n’est donnée sur la forme que pourrait prendre cette formation ni sur la réglementation qui la régirait.
  • D’autres points restent également assez flous.  Mentionnons une demande d’amélioration du process de fixation des cordes, visant notamment à une installation plus tôt dans la saison, et une amélioration du système de prévision météorologique. Deux problèmes qui seraient à l’origine des embouteillages de la saison de printemps, selon le gouvernement népalais.

« Ce n’est pas parce que qu’on a envie d’entreprendre l’ascension de l’Everest qu’on peut le faire », a déclaré le ministre du Tourisme Yogesh Bhattarai, lors d’une conférence de presse rapportée par le New York Times. « Nous devons évaluer l’état de santé des candidats et leurs compétences en alpinisme avant de leur délivrer un permis d’ascension. »

Qu’en penser?

Il y a peu de chance que le nouveau prix plancher de 35 000 $ dissuade les aspirants inexpérimentés, pas plus le fait de doubler ou de tripler le prix du permis d’ascension. Cette mesure viserait plutôt à calmer les opérateurs locaux, dont les activités pourraient, dès lors, être affectées. Le prix moyen facturé par les opérateurs népalais au printemps 2019 était d’environ 40 000 $ par personne, selon notre sondage, mais des rabais importants ont régulièrement fait tomber le prix à moins de 30 000 $, voire moins.

Bien qu’il s’agisse d’un pas dans la bonne direction, les deux principales règles peuvent facilement être contournées et ne sont pas assez incisives.

Revendiquer trois ans d’expérience en tant que guide en haute altitude est quelque chose que tout sherpa peut aisément prétendre. Cela n’équivaut absolument pas à exiger que les guides soient qualifiés par un organisme de formation légitime, comme le Khumbu Climbing Center, ou qu’ils soient certifiés par l’Association des guides de montagne du Népal avec les titres de de la Fédération internationale des associations de guides de montagne.

Pour ce qui est de la preuve d’un sommet de 6 500 mètres, nous avons déjà vu des ascensions de l’Everest bidonnées, y compris au cours de cette saison. Il est donc possible de falsifier un certificat pour un autre sommet « qualificatif ». Sans compter que si le gouvernement népalais déléguait aux guides le soin de vérifier l’expérience des alpinistes, cela pourrait créer d’autres problèmes. N’ont-ils pas un intérêt direct à valider le CV de leurs clients potentiels ? 
La Chine exige, elle, des alpinistes qu’ils aient déjà atteint un sommet de 8 000 mètres avant de grimper du côté tibétain. Et une agence indépendante examine toutes les demandes. On aurait pu en attendre de même de la part du Népal 

Les agences de guides les plus réputées considèrent les demandes des candidats à l’Everest affichant à leur palmarès des sommets tels que l’Aconcagua (6 962 mètres) le Denali (6 168 mètres) ; mais aussi le Muztagh Ata (7 546 mètres) ou encore l’Ama Dablam (6 856 mètres). Les plus exigeantes imposent même d’avoir gravi au préalable un 8000 mètres, tel que le Manaslu ou le Cho Oyu.

Reste qu’au final, quelle que soit la réglementation adoptée, tout repose sur son application effective. Or, à ce jour ni le gouvernement népalais ni les agences de guide les moins réputées ne semblent en avoir la volonté.


Article publié le 16/08/2019, mis à jour le 03/09/2019.

Photo d'en-tête : Matti Bernitz
Thèmes :
Alpinisme
Everest
Expédition
Kilian Jornet
Ski

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