8 médailles d’or aux jeux paralympiques, 22 médailles d’or aux championnats du monde, 102 victoires en coupe du monde, 9 gros globes au général de la coupe du monde… Marie Bochet, c’est l’un des plus beaux palmarès du ski français. Un petit bout de femme, élevée au Beaufort – dans une famille d’agriculteurs – qui nous parle, avec une fierté non dissimulée, de son pays dans lequel elle puise toutes ses ressources.
Tu es née à Chambéry, tu as grandi dans le Beaufortain : pourquoi as-tu fait le choix d’y rester ?
Je n’ai pas fait le choix d’y habiter, mais je fais le choix d’y rester. J’ai grandi à Villard-sur-Doron, au cœur du Beaufortain. On était toujours en extérieur avec mes frères et sœurs. On a des parents agriculteurs. On vivait au rythme des saisons – dans la vallée en hiver et en alpage l’été. J’aime ce rythme des quatre saisons, tu vis avec la nature. C’est une vie riche. Ça m’apporte beaucoup d’apaisement. C’est pour ça que je fais le choix d’y rester. On a une chance exceptionnelle dans le Beaufortain, ça reste préservé. On a encore de grands espaces, un terrain de jeu à notre portée. Ça nous laisse des territoires inexplorés. Tant que je n’aurais pas senti que je suis allée au bout, j’y resterai pour en découvrir le moindre recoin. Je pense que ça m’amènera assez loin !
Tu vois donc ton avenir dans la région ?
Je suis pour le moment encore dans ma carrière sportive, mais je n’ai pas prévu de m’orienter vers l’agriculture. Mon projet n’est pas encore défini [Marie a été admise à Sciences Po Paris pour préparer le certificat préparatoire adapté pour les sportifs de haut niveau, ndlr], j’ai rencontré un Beaufortain qui, lui aussi, y est bien installé. On imagine notre futur pas très loin. Et par chance, ce qui s’est passé ces deux dernières années a bien fait évoluer le télétravail. Ce qui nous permet d’envisager des postes différents, tout en restant sur le territoire. J’aurai toujours ma base beaufortaine. Je ne me vois pas habiter ailleurs.
Qu’y fais-tu quand tu n’es pas sur les skis ?
Toutes mes racines familiales sont ici. À chaque fois que je rentre de mes courses, quand j’arrive à Albertville et que je vois le panneau Beaufortain, ça y est, je suis à la maison. Je suis tellement heureuse de rentrer. Tous ces déplacements me font prendre conscience de la chance que j’ai d’habiter dans un territoire préservé.
J’aime être dehors. L’été, j’adore être à Roselend. Mes parents y ont un chalet d’alpage [le refuge du plan Mya qui accueille les randonneurs, ndlr]. J’y ai passé beaucoup de temps et aujourd’hui, c’est ma sœur qui l’a repris. C’est le QG, mais c’est drôle, j’ai l’impression que c’est chez moi. Que tout Roselend est chez moi.
J’aime bien prendre de la hauteur. Tu es vite sur des crêtes dans le Beaufortain. La vue est belle et ça reste accessible. Je marche beaucoup. Je fais un peu de VTT – pas trop engagé, car je suis vite limité au niveau du freinage. Et je fais pas mal de vélo de route aussi, mais dans le cadre de ma préparation physique.
Comment t’entraînes-tu ?
L’hiver, je fais principalement du ski alpin avec le club d’Arêches-Beaufort et des Saisies. Dès qu’il y a de la bonne neige et dès c’est possible, je prends mes skis de rando pour aller sur des terrains un peu moins courus. Je suis mon conjoint, ex-skieur alpiniste.
Où emmènerais-tu un proche (sportif) pour qu’il découvre le Beaufortain ?
Une première rando au Roc du Vent. Elle est assez dingue cette montagne, elle est accessible, la marche n’est pas très compliquée, tu passes par un tunnel, un balcon au-dessus du barrage, la vue est assez folle. C’est une balade symbolique, celle de mon enfance. Le départ se fait au pied du refuge de mes parents.
À vélo, le Cormet de Roselend. Un col mythique du Tour de France. Avec un vélo électrique pour les moins sportifs, en évitant d’y aller en pleine journée, en pleine saison – pour ne pas être gêné par la circulation.
Le parcours de rando de Marie au col de la fenêtre
Es-tu toi aussi encore dans la découverte ?
À chaque saison, je suis émerveillée. Tu découvres des couleurs, des lumières qui mettent en relief les montagnes et qui changent tes axes de vue. C’est comme l’océan, chaque jour est unique : une ombre, un nuage, une luminosité différente… Tu redécouvres des endroits en fonction des saisons.
On connaît, en France, de plus en plus de problèmes liés à la surfréquentation des espaces naturels dû à l’engouement pour les sports outdoor. Comment vis-tu ça dans le Beaufortain ?
Avec le refuge [du plan Mya], j’ai des données. C’est une bonne jauge et c’est vrai que ça a explosé. Suite au confinement, les gens recherchent les grands espaces et redécouvrent les vacances à la montagne. Il y a de plus en plus de monde et ça peut créer des problèmes d’accès comme au lac de Saint-Guérin par exemple. Aujourd’hui, tu peux y naviguer, faire du paddle ou du kayak, mais certains jours les gens se garent en vrac, il n’y a plus de place pour stationner et l’accès au site devient difficile.
Ça arrive quelques semaines par an, mais c’est important de développer un tourisme raisonné. Ici, on a la chance d’avoir une vraie vie de village toute l’année. Il faut la préserver, tout en développant un tourisme contrôlé. La prise de conscience est collective. Et je pense que dans le Beaufortain, depuis quelques années déjà, c’est l’attitude qu’on a adoptée.
Niché au cœur des Alpes, entre le pays d’Albertville, le val d’Arly, la vallée de la Tarentaise et le massif du Mont-Blanc, le Beaufortain est un paradis des activités outdoor. Une terre d’alpages entre lac et montagne, idéale pour passer des vacances ou des week-ends en famille ou entre amis – à seulement 20 minutes d’Albertville. Des Saisies à Arêches-Beaufort, en passant par les villages Hauteluce, Queige et Villard-sur-Doron, le Beaufortain se découvre et s’apprécie à pied, à VTT, en vélo de route ou en trail.
Pour en savoir plus, visitez www.lebeaufortain.com