Vivre simplement dans la nature, prendre le temps d’apprécier l’existant et le défendre n’est pas seulement la ligne éditoriale d’Outside.fr. C’est aussi la philosophie qui conduit notre entreprise qui, à contre-courant d’une société régie par la croissance économique, a décidé de ralentir. Comment exister sans « vouloir toujours plus » ? Ça marche pour nous, et ça fait cinq ans déjà !
« Le mois de février 2019 a été particulièrement doux et peu arrosé en France, et surtout exceptionnellement ensoleillé. L’excédent thermique a de nouveau été important sur quasiment tout le pays (+2°C) » selon les experts météo. Même si l’enneigement était meilleur qu’aujourd’hui, le ton était donné. Le réchauffement climatique occuperait – entre autres – une partie importante de la ligne éditoriale d’Outside.fr, lancé officiellement le 19 février 2019.
À cette époque, peu de personnes avaient entendu parler d’Outside. Un média certes populaire de l’autre côté de l’Atlantique, mais qui ne bénéficiait d’aucune notoriété en France. Qu’importe ! Aborder des sujets sociétaux par le prisme de l’Outdoor faisait sens. Ces sports ne sont pas l’apanage d’une poignée d’aventuriers ou de privilégiés vivant dans l’arc Alpin. L’accès à la nature est un besoin, c’est un droit. Le défendre est un devoir.
De zéro à 5 millions de lecteurs
Parler à la fois d’environnement, des enjeux de notre société, de santé, de voyage ou de culture au même titre que d’aventure dans un seul média était nouveau. L’aborder sous un angle résolument centré sur l’humain aussi. Et à l’heure de l’info en continu et du dictat des algorithmes, privilégier les articles de fond était un pari risqué. Tout autant que de proposer du contenu en partie payant, parce que produire une information de qualité, indépendante et vérifiée a un coût.
Si elle était empreinte d’incertitude, comme toute entreprise nouvelle, la formule s’est avérée juste. D’une audience quasi-inexistante début 2019, elle a su rassembler plus de 5 millions de lecteurs (uniques) en 2023. Parmi les articles les plus lus cette année-là, notre grande enquête sur l’avenir du ski, celle de l’impact du sport business sur l’esprit trail, le récit du tragique destin Austin Howell – grimpeur free solo ou celui de la bouleversante arrivée de Philippe Tran, dernier finisher de l’UTMB. Autant de sujets et d’histoires qui nous passionnent et qui nous rassemblent.
Le choix d’une (dé)croissance raisonnée et raisonnable
Vous êtes combien ? Vous avez combien d’abonnés ? C’est quoi votre chiffre d’affaires ? Outre les interrogations sur notre audience, ce sont les trois questions récurrentes que l’on nous pose pour savoir si notre business fonctionne, sans même parfois s’intéresser à la mission que nous nous sommes fixée. Comme quoi l’imaginaire de réussite est profondément ancrée dans la croissance économique.
Si nous avons lancé la version française d’Outside (sous licence), c’est avant tout pour ouvrir la culture et les pratiques outdoor au plus grand nombre. Apporter une information de qualité, faire réfléchir aux enjeux de notre société et inspirer tous ceux qui aspirent à prendre un grand bol d’air frais, tout en limitant leur impact au maximum.
Nous avons fait le choix d’être une entreprise à la (dé)croissance raisonnée et raisonnable.
Nous avons fait le choix de construire et maintenir une équipe très restreinte, tous salariés, sans recours à des pigistes. Un noyau dur de passionnés, viscéralement attachés à Outside. Pour ne pas nous perdre dans du management ni dans une quête de chiffre d’affaires incessante.
Nous avons fait le choix de ne pas avoir de service commercial dédié, ou pire, extérieur, pour nous libérer d’une course à la croissance (perdue d’avance ?). Nos meilleurs arguments commerciaux sont nos articles et le bouche à oreille.
Nos investissements ? 100% dans l’éditorial
Nous tirons nos revenus en partie des abonnements, mais aussi en plus grande partie des articles sponsorisés que nous produisons pour des marques partenaires. Nous ne démarchons pas. Nous travaillons uniquement avec les marques qui souhaitent travailler avec nous. Et dont le discours et les valeurs nous parlent. Ce qui nous permet de tirer des revenus stables et de rester dans notre capacité de production.
Depuis notre lancement, il y a cinq ans, nous avons fait le choix de ne pas augmenter nos tarifs d’abonnement (voir même de les baisser pour les revenus les plus modestes) pour que l’information reste accessible au plus grand nombre, malgré l’inflation. Tant pis pour nos marges.
Nous avons fait le choix d’orienter tous nos investissements sur la production éditoriale.
Nous avons fait le choix de ne pas avoir de bureau. Parce qu’au fond, ça ne sert pas à grand chose. Sinon à boire beaucoup trop de cafés et à multiplier les réunions. Et de donner à chaque membre de l’équipe la liberté de travailler là où ça lui chante. Spot de grimpe, de ski ou de surf. Sinon, à quoi servirait de travailler pour Outside ?
Nous avons fait le choix de limiter nos déplacements au strict nécessaire. Et de refuser beaucoup de très excitants voyages de presse aux quatre coins de la planète. Tous frais payés, AR en avion compris, bien sûr. Parce qu’on aime bien rester indépendants. Et surtout être cohérents avec nos convictions au niveau environnemental.
Nous avons fait le choix de ne pas nous enrichir. Tout au moins financièrement. Car côté rencontres, découvertes et gamberges, là oui nous nous enrichissons tous les jours. C’est pour cela qu’on se lève tous les matins.
Nous avons fait le choix de ralentir, et ça nous convient. Malgré les obstacles, Outside s’est imposé dans le paysage médiatique français et notre entreprise affiche une rentabilité saine depuis sa deuxième année. C’est ça le succès à nos yeux !
À nos lecteurs passagers ou réguliers, à nos abonnés, à nos partenaires, nous adressons nos plus sincères remerciements. Sans vous, cette aventure n’aurait pas de sens. Un média ne peut vivre que par et pour ses lecteurs.
Sylvie Sanabria & Thibault Ginies
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