L’Ultra-Trail Snowdonia, au fin fond du Pays de Galles, une course pas comme les autres

Des paysages d’une beauté sauvage et brute, un terrain très technique, des ascensions (et des descentes !) infinies… l’Ultra-Trail Snowdonia, organisé du 16 au 19 mai au cœur du parc national d’Eryri, au Pays de Galles, est une pépite qui ne se laisse pas facilement saisir. Seuls les traileurs les mieux préparés peuvent raisonnablement se lancer sur une course considérée comme la plus difficile du Royaume-Uni, offrant une expérience ultra de niveau alpin. Parmi eux cette année, sur l’épreuve phare, le 100 km, des Français, dont Mathieu Blanchard qui va trouver là de quoi se tester avant la Hardrock, son objectif principal cette année, et gagner son entrée pour l’UTMB 2026. Mais au vu du plateau annoncé, comptant notamment le Britannique Jonathan Albon, il risque d’avoir à batailler ferme. 

En janvier 2024, l’impressionnante Française Claire Bannwarth – première femme à remporter le Tahoe 200 (330 km ; 5 500 m D+) au scratch – nous en parlait déjà. Evoquant son programme de l’année précédente, elle citait l’Ultra-Trail Snowdonia (UTS). Celle qu’on surnomme le Lapin Duracell, rapport à son exceptionnelle endurance, devait y terminer 3^e chez les femmes, 14^e au scratch. Alignée sur la version longue de cet événement qui compte quatre épreuves, elle avait pu constater par elle-même que l’UTS était à la hauteur de sa réputation : aussi engagée que sublime.

Sublime, ça les Britanniques le savent depuis longtemps. Le Snowdonia ou Eryri en gallois, dans lequel l’UTS est organisé, est le plus grand parc national du pays de Galles, situé sur la côte ouest de la Grande-Bretagne. Neuf chaînes de montagnes (dont le plus haut sommet d’Angleterre et du Pays de Galles), 37 kilomètres de côte, plus de 11 000 hectares de forêts de chênes, de frênes, de sorbiers et de noisetiers, des cascades et des vallées verdoyantes, et près de 2 415 kilomètres de sentiers, c’est un paradis pour les randonneurs. Et pour les traileurs. Très vite les amateurs de course à pied y ont trouvé un terrain de jeu sauvage et engagé. Notamment ceux qui n’avaient pas peur du dénivelé.  

En un week-end pluvieux, il s’impose comme un trail légendaire

On aura pourtant dû attendre 2018 pour que germe l’idée d’y organiser la première édition de l’UTS. Un événement qui, au départ ne comptait qu’une course de 160 km et une autre de 80 km. Cette année-là, la météo s’était déchaînée. Et le directeur de course, Michael Jones, observait la pluie inonder les sentiers, rendant quasi impraticable un parcours déjà corsé. Sur les 46 coureurs inscrits sur le 160 km, seuls 13 devaient la terminer. Tragique et glorieux. En un week-end pluvieux, l’ultra-trail Snowdonia s’était imposé comme un trail quasi légendaire. Un événement qui forçait le respect.

Depuis, il n’a cessé de se développer, et comprend aujourd’hui quatre épreuves – 100 M, 100 km, 50 km et 25 km – attirant des participants de plus en plus nombreux. Des Britanniques, mais pas que, car le bruit a vite couru, que là-bas, au fin fond du Pays de Galles, se cachait une course pas comme les autres. L’UTMB ne s’y est pas trompé en l’incluant en 2022 dans son circuit. Depuis, c’est devenu la porte d’entrée des coureurs britanniques pour Chamonix, ils ont trouvé là, loin du Continent, une expérience ultra de niveau alpin.

Désormais, l’UTS attire les meilleurs traileurs du monde, ainsi que des amateurs passionnés. Tous y sont les bienvenus, pour autant qu’ils y soient bien préparés, insistent les organisateurs qui multiplient les conseils et les mises en garde, bien conscients que dans cette région sauvage et isolée, les secours restent rares et parfois difficiles à déplacer.

Inspiré des grands épreuves alpines

Ils insistent sur le fait que l’expérience de course à pied est plus importante que les résultats eux-mêmes, explique le site de l’événement. De ce fait, ils ne rejettent pas les candidatures individuelles en raison d’un manque d’expérience. Cependant, ils rappellent que l’UTS est très différent de la plupart des autres événements de la série UTMB. « Les sentiers sont plus accidentés, les sections praticables sont moins nombreuses et le parcours vous emmène souvent complètement hors-piste. Même les coureurs de trail les plus expérimentés peuvent être surpris », insistent-ils.

Aussi recommandent-ils de s’entraîner sur des sentiers techniques, d’inclure des entraînements de force et de développer ses compétences en montagne. « Il est peu probable que vous ayez du réseau dans les régions les plus reculées d’Eryri. Assurez-vous donc de maîtriser vos compétences générales en matière d’orientation, surtout si vous êtes désorienté dans l’obscurité ou dans le brouillard. L’itinéraire est balisé, mais il peut arriver que vous perdiez de vue ces balises ou qu’elles soient perturbées pour une raison ou une autre. (…) Vous devrez également vous entraîner à d’autres compétences essentielles en montagne avant l’épreuve. Qu’il s’agisse de votre technique d’escalade, ou de votre capacité à vous déplacer rapidement et en toute sécurité par tous les temps ». Car la météo, pouvant rapidement aller de la neige à la canicule, est un autre paramètre dont les traileurs doivent tenir compte ici.

Véritable défi, l’Ultra-Trail Snowdonia inspiré des grandes épreuves alpines, mais avec l’imprévisibilité du climat gallois, challenge l’endurance physique et mentale. Qu’on choisisse le parcours de 100 miles, ou celui de 100 km, l’épreuve phare dans laquelle Mathieu Blanchard ou encore Jonathan Albon s’engagent cette année.

Un mix de l’Echappée belle et du GR20

Ce 100 K, pimenté par 6 600 m de dénivelé positif et autant de positif (c’est une boucle), emmène les coureurs à travers les recoins les plus spectaculaires et les plus extrêmes du parc national de Snowdonia. Au menu, des ascensions épiques vers des sommets emblématiques tels que le Yr Wyddfa (Snowdon), la plus haute montagne du Pays de Galles et de tout le Royaume-Uni hors Écosse. Le Tryfan, l’un des sommets les plus techniques de la région, avec ses pentes exposées. Ou encore le Glyderau et le Carneddau, deux des chaînes de montagnes les plus impressionnantes du parc, offrant des paysages mêlant arêtes rocheuses et lacs glaciaires.

Ajoutez encore un terrain agressif, rocailleux et technique, comme a pu le constater hier Mathieu Blanchard lors de son premier petit tour de reconnaissance avant-hier. « c’est une belle salade de cailloux. Un mix de la chaîne de Belledonne et son impitoyable échappée belle et du GR 20 ! », écrivait-il ce jeudi sur Instagram.

En janvier dernier, à la veille de se lancer dans le Yukon Arctic Ultra, il nous confiait : « Côté trail, mon gros objectif 2025, c’est la Hardrock. Je vais donc d’abord récupérer de la Yukon, puis faire une course mi-mai. Peut-être l’ultra trail d’Australie, mais c’est à voir. A moins que ce soit la Snowdonia, au Pays de Galles, car pour participer à l’UTMB 2026, j’ai besoin de faire une course du circuit ». Il a finalement opté pour la Snowdonia, on comprend pourquoi.

Trois favoris britanniques

Mais il n’est pas le seul. Le Britannique Jonathan Albon, installé en Norvège depuis son mariage avec la traileuse norvégienne Henriette Albon, se réjouit de revenir courir « à la maison ». Et il est visiblement très en forme (2^e à la Transgrancanaria cette année), et bien décidé à compléter un CV déjà fourni (deux fois vainqueur des Sky Extreme Series, record sur l’OCC en 2021…). « Le départ sera matinal [4h30, ce samedi 17 mai] mais je suis prêt à affronter les montagnes galloises ! » dit-il. 

Sur place, deux autres Britanniques sont très attendus aussi. Josh Wade qui avait dominé l’UTS en 2023 sur le format 100 miles. Et Kim Collison, dont la victoire sur la SwissPeaks Trail 360 a marqué les esprits l’année dernière.

Tous ont 32 heures maximum pour se démarquer, à compter du samedi 17 mai, 4h30. Et se faire plaisir au passage : la météo s’annonce belle.

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