Après « neuf belles années » à gérer, en parallèle de sa carrière d’athlète pro, le domaine du Germain, dans le Beaujolais, François d’Haene annonçait en novembre dernier la fin de son aventure viticole et le début d’une nouvelle vie, recentrée sur son nouveau camp de base, le Beaufortain. Plus précisément à Arêches-Beaufort, où il s’est installé il y a quelques années déjà avec sa femme et ses trois enfants. Au retour de la Patrouille des Glaciers, dernière course de ski alpinisme de la saison, l’ultra-trailer le plus capé de l’histoire, nous confiait son attachement pour son nouveau terrain de jeu. Un terroir, des gens, des montagnes dont il parle avec émotion.
Tu es né à Lille et tu as grandi à Chambéry, quelle est ton histoire avec le Beaufortain ?
Mes premiers souvenirs dans le Beaufortain remontent à mes premières vacances à la neige aux Saisies. La station familiale par excellence, conviviale, accessible, ouverte… Le fait que l’on puisse y faire plein d’activités, notamment le ski de fond, m’a laissé des souvenirs d’enfance très forts. Parents, grands-parents, enfants, toute la famille y trouvait son compte. Ces premières vacances à la neige sont très importantes à mes yeux. Elles restent gravées au fond de moi.
Et puis en grandissant à Chambéry, j’ai commencé à être fasciné par le ski de randonnée, un univers que je ne connaissais pas, mais qui me faisait rêver. J’ai découvert Arêches-Beaufort, le temple de la rando et de la Pierra Menta, avec ses sommets sauvages, engagés. À seulement 5 kilomètres à vol d’oiseau, [entre les Saisies et Arêches] tu as deux univers complètement différents, mais très complémentaires qui répondent parfaitement, aujourd’hui, à mes besoins familiaux et à mes besoins d’athlète.
(Paul Humbert / Arlysère)
(Paul Humbert / Arlysère)
(Paul Humbert / Arlysère)
(Paul Humbert / Arlysère)
Pourquoi avoir élu domicile à Arêches-Beaufort ?
Avec Carline [sa femme], on a fait notre chemin [jusqu’en 2021, François et Caroline exploitaient le Domaine viticole du Germain, dans le Beaujolais, ndlr]. On cherchait une nouvelle attache dans les Alpes. Un village station, authentique, avec une école, qui vive toute l’année et offre un terrain engagé et sauvage pour mes entraînements.
Il n’y avait pas beaucoup d’endroits dans les Alpes qui cochaient toutes les cases. On a visité pas mal de villages et un jour de novembre, où il faisait dégueu, on est arrivé avec le van à Arêches. On s’attendait à voir un lieu sans vie, comme dans la plupart des stations, mais pas du tout. Il y avait une boulangerie d’ouverte, un restau, des parents, une école… C’est tout petit, mais ça vit toute l’année. On s’est alors dit : pour vivre, c’est pas mal ! Et il y a de quoi m’entraîner. C’est authentique, sauvage. Tu peux faire du ski de piste ou de rando, du ski de fond, du trail ou n’importe quelle activité outdoor. Avec le côté social, c’est « the place to be » – mais ne le dîtes pas trop !
J’ai trouvé à Arêches le côté familial que j’ai connu aux Saisies et le terrain de jeu parfait pour mes sorties. Et en même temps, tu n’es pas à 18 heures de la moindre civilisation. Je peux descendre à Albertville facilement, même à vélo. Je peux aller rapidement à Annecy [pour des réunions avec ses sponsors, ndlr] ou n’importe où ailleurs. Ce n’est pas le bout du monde.
(Paul Humbert / Arlysère)
(Paul Humbert / Arlysère)
(Paul Humbert / Arlysère)
(Paul Humbert / Arlysère)
(Paul Humbert / Arlysère)
Que fais-tu dans le Beaufortain quand tu ne cours pas ?
Ce n’est pas courir qui m’anime. Je ne cours pas tant que ça en nombre d’heures comparé à d’autres athlètes, par contre je suis dehors énormément. Ça, c’est un lien que je partage avec les gens du Beaufortain. On n’habite pas ici pour rester chez soi à regarder la télé. J’essaye de faire du vélo, du ski et j’accompagne les enfants dans leurs activités. On fait des activités outdoor de saisons ; escalade et balade en famille, on va aux myrtilles… On est dehors toute l’année et c’est ce qui nous lie avec les habitants de la région.
Comment t’entraînes-tu ?
J’essaye de ne pas avoir de semaine ou de journée type. Ça dépend de la saison, des personnes qui seront là, de la météo… Par exemple en ce moment, j’essaye de composer ma semaine avec du ski de rando, du trail, du vélo, du vtt, des activités avec les enfants, de l’escalade… Je ne sais pas à l’avance et c’est ce qui est magique.
Chaque matin, j’ai le choix. J’ai choisi ma discipline pour ça. S’il fallait à tout prix que je coure à telle allure ou sur tel ou tel critère, ça serait compliqué. En revanche, si ma discipline m’impose de passer une journée dehors et à m’éclater en montagne, là ça fonctionne.
J’essaye quand même de raisonner intelligemment quand mes objectifs approchent. Ce qui compte, c’est m’entraîner dehors. Par exemple pour la Patrouille des Glaciers, ma dernière course de ski alpinisme, en haute altitude et où on a couru énormément de kilomètres, si tu ne fais que du ski ou du trail, tu ne sauras pas faire. Alors que si tu pratiques un peu de tout et longtemps, c’est parfait. Quand je vais à la Hardrock et qu’il y a 40% du parcours qui se déroule dans la neige, si tu ne sais pas skier, si tu n’as pas joué dans la neige et que tu ne t’amuses pas, tu ne peux pas être bon sur cette course. Je m’entraîne pour ce type de pratique et ce type de terrains. En ce moment, je me remets au trail running, mais s’il reneige 40cm ce n’est pas dramatique. Je refais du ski de rando et ça va quand même me servir.
(Paul Humbert / Arlysère)
(Paul Humbert / Arlysère)
(Paul Humbert / Arlysère)
(Paul Humbert / Arlysère)
Où emmènerais-tu un proche (sportif) pour qu’il découvre le Beaufortain ?
En ski de rando, l’arête du Grand Mont au coucher de soleil, pour un bon aperçu des lieux. En trail, une petite traversée des arêtes entre la Légette du Mirantin et le pic de la Grande Journée, pour le côté sauvage. En vélo de route, une petite boucle à la journée avec la montée du col du Pré, le col du Joly et le signal de Bisanne – ça lui donnerait un petit goût des efforts qui peuvent être faits dans le coin. En parapente, un petit lever de soleil du secteur Légette Côte 2000, un petit coucher de soleil depuis la roche Parstire.
Le parcours de VTT autour des 3 lacs avec François d’Haene
As-tu un FKT ou autre défi en projet dans le Beaufortain ?
Pas pour l’instant. Je me suis amusé à faire ma propre Pierra-Menta en essayant d’enchaîner 10 000 mètres de dénivelé avec une trace qui regroupe mes parcours préférés dans le Beaufortain. À pied, j’ai fait le tour de toutes les arêtes que j’aimais, mais je n’ai pas envie d’en faire un FKT car la plupart de mes traces son hors-sentier et plutôt engagées. Je ne peux pas prendre le risque d’envoyer ma communauté sur ces traces.
On connaît, en France, de plus en plus de problèmes liés à la surfréquentation des espaces naturels due à l’engouement pour les sports outdoor. Comment abordes-tu cette question auprès de ta communauté ?
C’est vrai qu’il y a déjà beaucoup de monde. Le but n’est pas de générer un tourisme de masse dans le Beaufortain, mais de promouvoir un tourisme plus responsable. Avec Arlysère [Agglo qui gère en partie la promotion du Beaufortain, partenaire de François, ndlr], notre discours est d’encourager une pratique respectueuse des sports outdoor sur le territoire. Sensibiliser les randonneurs à la fragilité des sentiers, des alpages, des troupeaux, des patous… Protéger la faune, la flore et faire vivre l’agriculture locale. Un tourisme à impact positif.
Niché au cœur des Alpes, entre le pays d’Albertville, le val d’Arly, la vallée de la Tarentaise et le massif du Mont-Blanc, le Beaufortain est un paradis des activités outdoor. Une terre d’alpages entre lac et montagne, idéale pour passer des vacances ou des week-ends en famille ou entre amis – à seulement 20 minutes d’Albertville. Des Saisies à Arêches-Beaufort, en passant par les villages Hauteluce, Queige et Villard-sur-Doron, le Beaufortain se découvre et s’apprécie à pied, à VTT, en vélo de route ou en trail.
Pour en savoir plus, visitez www.lebeaufortain.com