En 2023, c’est la troisième fois que le Belge tente sa chance sur la redoutable Barkley Marathons. En cas d’échec « c’est fini, je ne reviendrai pas » dit-il à la veille du départ. Mais cette année sera la bonne. Il bouclera les cinq tours et s’imposera comme « le finisher le plus lent de l’histoire de la course », lui annonce à l’arrivée Lazarus Lake, l’organisateur, hilare. De cette épreuve, et de sa victoire, Karel Sabbe a tiré une immense joie. Et aussi un documentaire d’une heure à voir dès aujourd’hui en libre accès. L’occasion de découvrir la force mentale du coureur et les coulisses de cette course hors-normes.
« On apprend plus de ses échecs que de ses victoires », aime à dire le créateur de la Barkley Marathon, l’Américain Lazarus Lake (Gary Cantrell, aka Laz). C’est sans doute ce qui a motivé karel Sabbe, 34 ans, à se lancer à nouveau en 2023 dans cette épreuve infernale organisée chaque année dans le parc américain de Frozen Head, dans l’est de l’État du Tennessee. 200 kilomètres et 20 000 mètres de dénivelé, sans balisage ni ravitaillement, dans un labyrinthe d’arbres et de ronces : une partie de plaisir à laquelle plus d’un traileur est accro. Karel, dentiste flamand, est de ceux-là. Par deux fois il tenté sa chance, et souffert beaucoup. Sans perdre espoir pour autant.
Penser, vivre et dormir Barkley à 100%
En 2023, pour la 36e édition de la Barklay, il arrive plus préparé que jamais sur le plan physique, après une orgie de déniv en France et aux Canaries. Mais aussi et surtout sur le plan mental. Bien sûr il visualise le site jour et nuit, fort notamment de ses deux expériences précédentes. Et il a tout lu sur le sujet. Livres, posts et blogs d’ex vainqueurs et autres « Barkley’s maniacs ». Y compris l’excellent livre d’Alexis Berg, qui en 2020, recueillait le témoignage des quinze vainqueurs de la course. De quoi en sortir convaincu qu’il faut penser, vivre et dormir Barkley à 100% pour se donner toutes les chances de boucler ces fameuses cinq boucles en moins de 60 heures.
Et karel sait pourquoi il revient encore. Pour « dépasser ses limites, passer son mur ». Motivation que les amateurs d’ultra connaissent bien. Mais aussi pour la camaraderie, car ici on ne court pas contre les autres, une poignée d’amateurs d’extrême comme lui. Mais contre la course elle-même. Contre soi. D’ailleurs, cette course, il la fera cette année-là en partie aux côtés de Jared Campbell, Un habitué du lieu, lui aussi, triple finisseur de la Barkley (2012, 2014, 2016). « Un honneur pour moi », dit karel. Mais Jared lachera en route, rien n’est jamais acquis sur la Barklay. Et karel fera parti des trois finishers en mars 2023. Le premier, arrivé en 58 heures, 23 minutes et 12 secondes, sera l’homme qu’on n’attendait pas, le Français Aurélien Sanchez, lui aussi au centre d’un documentaire sorti le 11 mars, à voir sur la chaîne de l’Equipe (réservé aux abonnés du quotidien). Il devancera l’Américain John Kelly de 19 minutes et 11 secondes. Karel affichera un temps limite : 59 heures, 53 minutes et 33 secondes, à sept minutes de la barrière horaire. Finisher le plus lent de l’histoire de la course, il s’effondrera à l’arrivée, une fois touchée de la main la fameuse barrière jaune.
Déshydratation et hallucinations
Une vraie victoire, car rien ne lui aura été épargné pendant la course. Le Belge a eu beau partir le premier, histoire de ne pas se trouver coincé dans le goulet du départ. S’assurer que sa boussole était bien vissée à son poignée ( chaque seconde compte, l’histoire le confirmera). Et rester dans le fuseau horaire belge pour optimiser son sommeil avant la course. C’est totalement déshydraté qu’il prendra le départ, victime d’une intoxication alimentaire. Epuisement, hallucinations… et un compte à rebours qui approche de l’heure fatidique…
C’est donc au mental que le Belge a relevé son pari. Au mental aussi que trois mois plus tard il explosera le record de la traversée du Pacific Crest Trail : 4300 kilomètres (et 140 000 mètres de D+), parcourus en 46 jours, 12 heures et 50 minutes (soit 5 jours et 4 heures de moins que le précédent que l’ultrarunner américain Timothy Olson, jusqu’alors homme le plus rapide sur le PCT). Le tout à une moyenne de 94 kilomètres par jour.
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