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Face à la tragédie de Gaza, le trop lourd silence de la communauté outdoor

  • 31 juillet 2025
  • 5 minutes

La rédaction La rédaction L'équipe de rédaction est un noyau dur de journalistes passionnés, tous basés depuis un bon spot de grimpe, de trail, de ski ou de surf.

Quand, du basket au foot en passant par le tennis, des voix puissantes s’élèvent depuis des mois pour s’insurger contre le sort subi par les Palestiniens de Gaza, on peine à entendre celles des leaders de l’outdoor. Des athlètes aux marques, rares sont ceux qui affichent publiquement leur indignation face à ce que l’ONU qualifie aujourd’hui de « génocide en cours ». À ce jour, seuls quelques coups d’éclat isolés ont troublé cette apparente indifférence. Des initiatives courageuses, essentiellement venues de grimpeurs, d’alpinistes ou de surfeurs qu’on ne peut que saluer. Car ceux-là lèvent la voix sans peur de perdre leurs sponsors, leurs followers, ou leur chiffre d’affaires.

En février 2022, quand la Russie attaque l’Ukraine, l’opinion publique s’enflamme. Et des skieurs, aux alpinistes en passant par les traileurs, les acteurs de l’outdoor ne sont pas les derniers à afficher leur soutien aux Ukrainiens. « Contre la guerre en Ukraine, les athlètes massivement mobilisés » titrons-nous alors. Quelques jours plus tard, c’est un appel aux dons – sacs de couchages, frontales », que nous relayons. Dans la foulée, c’est l’UTMB qui suspend tous les athlètes russes et biélorusses. Certes, cette vague de soutien, matériel et moral, va faiblir avec le temps. Et en février 2023, l’Ukrainien Michael Fomine, Piolet d’or, nous confie, un peu abattu : « on dirait que les gens sont fatigués de ce conflit ». La guerre en Ukraine n’a « que » un an d’existence. Et l’innommable attaque terroriste du Hamas contre Israël n’a pas encore bouleversé le monde. Il faudra attendre huit mois pour qu’au matin du 7 octobre 2023 on en découvre toute l’horreur. 

Près de deux ans plus tard, c’est la démesure de la contre-attaque israélienne qui ajoute à l’horreur. A ce jour, plus de 60 000 personnes y auraient trouvé la mort selon une étude publiée dans le prestigieux Lancet, dont une large majorité de civils, d’après les données disponibles. La presse indépendante étant toujours interdite de travailler à Gaza par les autorités israéliennes. Une première sur un conflit de cette ampleur. S’y ajoute aussi l’apparition de la famine, pour reprendre les analyses d’un rapport d’un organisme soutenu par l’ONU. Drame que jamais on n’aurait pu imaginer sur ce continent au XXIe siècle. Si près de nous. Si près des stocks de nourritures que ne peuvent quasiment pas acheminer les ONG internationales qui depuis des mois attendent aux portes de Gaza.

Certes, face à l’horreur chaque jour plus flagrante, les politiques n’ont toujours pas agité l’arme du boycott contre Israël, se contentant de « condamnations morales » sans risques. Voire, pour les plus audacieux, de promesse de « reconnaissance de l’Etat de Palestine ». On est loin des sévères sanctions économiques appliquées à la Russie. Certes « la situation dans la région est complexe », dit-on partout, et pas qu’à l’ONU, mais comment aujourd’hui se voiler la face ? 

Dans le milieu de l’outdoor où la notion de « communauté » est,  juste titre, si souvent mise en avant, certains osent aujourd’hui dirent tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Mais ils ne sont pas nombreux. Et leur voix ne porte pas toujours.

Du côté des marques, la neutralité est de mise. Et c’est plutôt quand elles sont sanctionnées pour leur soutien à des équipes israéliennes qu’on a entendu parler d’elles, et ce bien avant que ne soit engagée la riposte contre Gaza. C’est le cas par exemple d’Adidas, puis de PUMA, qui, sous la pression du mouvement BDS, ont dû renoncer à sponsoriser l’Israeli Football Association (IFA), incluant des clubs basés dans des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie. Sans état d’âme, la marque italienne Erreà a pris la relève début 2025, pour vite jeter l’éponge, sous la pression de l’opinion publique. Reebok, qui apparaît désormais sur le site de l’IFA comme sponsor, se trouve à son tour au cœur d’une appel au boycott. A voir combien de temps l’équipementier tiendra bon sans perdre son âme, voire ses clients.

Pire, Nike qui, en 2021, annonçait qu’elle n’allait plus commercialiser ses produits dans les magasins israéliens pour des raisons idéologiques, semble aller à contre-courant maintenant. On n’ose y voir une initiative soufflée par le gouvernement Trump, mais toujours est-il qu’en juin dernier la marque américaine a mis fin à son contrat avec l’athlète de demi-fond Grace Tame, « Personnalité australienne de l’année ». Pourquoi ? La marque ne « tolérait aucune forme d’antisémitisme ». En cause ? L’athlète avait dénoncé à plusieurs reprises sur ses réseaux sociaux l’ampleur de l’offensive militaire israélienne à Gaza.

Face à tant d’indifférence, voire de cynisme, les courageux qui osent sortir d’une confortable neutralité sont rares. Et ils avancent plus souvent sous l’impulsion de collectifs que seuls, face à leurs followers ou leurs clients. Il faut dire que tant d’audace peut se payer cher. En 2023, le champion du monde de 50 m papillon, l’Egyptien, Abdelrahman Sameh, a été menacé de mort pour s’être ouvertement indigné face à l’ampleur de la riposte israélienne.

Il faut avoir la notoriété du basketteur Kyrie Irving, d’un Karim Benzema ou d’une Coco Gauff pour oser prendre position. En France, Eric Cantona fait partie des quelques rares personnalités du monde du sport à s’être exprimé publiquement. Rien à voir avec l’Irlande. Déjà massivement solidaire des Ukrainiens, c’est dans ce pays qui sait ce que guerre veut dire, que l’on trouve à ce jour la plus forte mobilisation de sportifs en faveur de Gaza. Le collectif « Irish Sport for Palestine » rassemble plus de 350 athlètes, de toutes les disciplines, du football au rugby en passant par les arts martiaux ou l’athlétisme.

Dans l’univers de l’outdoor, il faut aller chercher du côté des surfeurs pour entendre une indignation, un appel au cessez-le-feu. Sans surprise, l’Américain Matt Olsen prend très tôt la parole. A l’initiative du Gaza Surf Club, il connaît trop bien Gaza pour rester silencieux.

Chez les grimpeurs et les alpinistes, des voix s’élèvent. Isolées, mais percutantes. On se souvient de la banderole dressée dans le Yosemite en juin 2024. Mais aussi dans les Alpes de l’opération « 100 sommets pour Gaza » du Savoyard Mathieu Beurier, et de « Stop the genocide », organisée par le guide italien Roberto Rossi. 

En mars cette année, on voit aussi arriver en France des grimpeurs de communauté de la « Palestine Climbing », association reconnue par la Fédération internationale d’escalade sportive (IFSC). Le but ? Non point leur apprendre à grimper, ils le font déjà très bien, mais les sortir de l’isolement, créer des liens, et de l’espoir. Cette organisation est soutenue pour la circonstance par une instance pas assez connue du public, la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT ). Créée en 1934, c’est l’union de deux fédérations sportives ouvrières, l’Union des Société Sportives et Gymniques du Travail et de la Fédération Sportive du Travail, elles-mêmes héritières de la Fédération Sportive Athlétique Socialiste, fondée en 1908. « Son but était, selon la charte constitutive, de se mettre au service des intérêts sportifs » de l’ensemble du monde du travail, notamment pour que le sport représente « devant les menaces de fascisme et de guerre », un instrument de résistance culturelle et de conquêtes sociales », lit-on sur son site.

 Dans l’univers du sport, et notamment des disciplines de l’outdoor, c’est l’une des plus actives aujourd’hui face à la situation à Gaza. Ironie de l’histoire, on l’a vu ainsi monter au créneau à plusieurs reprises depuis les années 30. Du soutien aux Olimpiada Popular de Barcelone en juillet 1936, dans la suite du boycott des Jeux Olympiques de la honte de Berlin, capitale de l’Allemagne nazie, à la solidarité avec les sportifs et sportives non-raciaux dans l’Afrique du Sud de l’Apartheid. 

Photo d'en-tête : Image générée par AI
Thèmes :
Drame
Politique
Société

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