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Villard-de-Lans avec son projet de l’Ananda Resort.
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Comment le projet de Tony Parker dans le Vercors a été stoppé net par la préfecture 

  • 16 septembre 2025
  • 4 minutes

La rédaction La rédaction L'équipe de rédaction est un noyau dur de journalistes passionnés, tous basés depuis un bon spot de grimpe, de trail, de ski ou de surf.

La sentence est tombée hier pour Tony Parker. Le 15 septembre, la préfecture des Alpes a rejeté la demande d’Unité touristique nouvelle structurante (UTNS) que l’ex basketteur avait déposée pour la station de Villard-de-Lans (Isère). Avec ses 17 597 m² et près de 700 lits projetés, ce complexe hôtelier de luxe était censé diversifier le tourisme dans le Vercors, selon son instigateur. Mais son dossier a été recalé, car jugé « manifestement excessif » et entaché de lacunes environnementales. Entre mobilisation citoyenne massive, enjeux environnementaux et alternatives locales qui émergent, retour sur une bataille qui pourrait redessiner l’avenir de cette station du Vercors.

Le rêve alpin de Tony Parker est-il mort ? C’est bien ce qui se profile depuis hier, lundi 15 septembre : Le préfet coordinateur du massif alpin vient en effet de rejeter la demande d’autorisation du projet Ananda Resort porté par l’ex star du basket via sa société Infinity Nine Mountain. Sans l’obtention de cette UTNS (Unité touristique nouvelle structurante), aucune construction de ce type ne peut voir le jour dans un massif de montagne. Le communiqué de la préfecture, a donc mis un coup d’arrêt brutal à une opération présentée comme stratégique pour le Vercors et pour laquelle Parker se bat depuis six ans.

Ce projet visait à transformer le site de la Côte 2000, au-dessus de Villard-de-Lans, en une station quatre saisons de standing. En perspective :  99 suites-appartements, des commerces, un pôle de loisirs indoor et une offre hôtelière haut de gamme. Soit 17 597 m² de plancher, dont 8 397 m² consacrés à l’hébergement, pour un total estimé à près de 700 lits. Budget annoncé : entre 88 et 96 millions d’euros selon les versions du dossier.


Pourquoi ce projet a-t-il été rejeté ?

La décision préfectorale s’appuie sur des arguments techniques lourds. D’abord, le projet est jugé « manifestement excessif » au regard de la taille de la station et de son environnement. Le rapport de la commission d’espace et d’urbanisme du comité de massif, souligne que le dimensionnement dépasse largement les besoins et la capacité d’accueil du territoire.
Des lacunes environnementales ont également joué en la défaveur de Tony Parker. En premier lieu, de lourdes incertitudes sur les ressources en eau, déjà sous tension dans le Vercors. Une sous-estimation des émissions de gaz à effet de serre, tant pour la construction que pour l’exploitation future. Enfin, le Préfet a considéré que les études d’impact étaient incomplètes et « non consolidées ».

Trop grand, mal ficelé, notamment de son impact environnemental : le dossier a été jugé irrecevable en l’état. Mais il faut noter que derrière la décision administrative, une forte mobilisation locale a pesé contre ce projet considéré par certains comme « hors sol » aujourd’hui.

Le rôle décisif de la mobilisation citoyenne

Lors de la consultation publique organisée du 31 mars au 30 avril 2025, plus de 28 000 visites ont été enregistrées sur la plateforme, et 3 614 contributions citoyennes déposées. Du jamais-vu pour un projet de station de moyenne montagne ! Le collectif Vercors Citoyens, fort d’environ 800 adhérents, a multiplié tribunes, réunions et alertes médiatiques. Ces contributions, massivement critiques, ont nourri la synthèse officielle remise au préfet, contribuant directement au rejet du dossier.

Quels sont les recours pour Tony Parker ?

Pour Tony Parker, c’est un coup dur, mais son dossier n’est pas définitivement enterré. L’ancien meneur des Spurs dispose de plusieurs cartes :

  • Un recours contentieux devant le tribunal administratif de Grenoble, dans un délai de deux mois à compter de la notification de l’arrêté. Il s’agit d’un recours classique pour excès de pouvoir.
  • Un recours gracieux ou hiérarchique, adressé au préfet ou au ministre, qui pourrait permettre de rouvrir la discussion.
  • Enfin, la possibilité de déposer un dossier remanié, plus modeste et mieux étayé en matière environnementale.

Les services de l’État précisent d’ailleurs que le refus porte « sur le dossier en l’état » : rien n’empêche donc Parker de revenir avec une version corrigée.

Quelle a été la réaction de Tony Parker ?

À ce jour, Tony Parker n’a fait aucune déclaration officielle. Ni la SEVLC (Société d’exploitation des remontées mécaniques de Villard-de-Lans — dont il est actionnaire majoritaire), ni Infinity Nine Mountain n’ont communiqué publiquement sur la décision. Mais connaissant la pugnacité du basketteur devenu homme d’affaires, nul doute que sa réponse devrait tomber sous peu. Un recours ou une refonte de son projet ne sont donc pas à écarter.

Quelles sont aujourd’hui les alternatives pour la station ?

Villard-de-Lans, tout comme sa voisine Lans-en-Vercors, n’en est pas à sa première réflexion sur l’avenir. Plusieurs pistes sont actuellement sur la table, toutes frontalement opposées à la vision « resort » défendue par Tony Parker.

  • Une candidature concurrente pour la gestion du domaine skiable (DSP, échéance 2026), portée par Augustin Dufaure de Lajarte, Sa proposition se veut « d’un enfant du pays » et vise une stratégie « quatre saisons » centrée sur la clientèle locale/régionale dont nous vous exposions les grandes lignes en août.
  • Face à ce projet, des dossiers plus modestes, comme le Hameau des Arolles à Corrençon, axés sur la rénovation et la création d’hébergements de taille réduite.
  • Sans parler de scénarios alternatifs portés par des associations : rénovation des « lits froids », diversification vers la randonnée, le VTT, le trail, un tourisme moins dépendant des grands complexes.

Quelles chances de réussite pour ces alternatives ?

Rien n’est joué à ce jour. Mais la délégation de service public pour la gestion du domaine skiable sera attribuée en juin 2026, et les élus locaux pourraient privilégier un projet jugé plus sobre et plus respectueux du territoire. Dès lors, le dossier porté par Augustin Dufaure de Lajarte semble bien placé pour l’emporter. Reste que les approches plus modestes ont également des chances réelles, si elles parviennent à passer le filtre des évaluations environnementales. Le précédent Parker montre en effet que l’État est désormais très exigeant, ce dont on ne peut que se réjouir. Quant aux scénarios de transition vers un tourisme « décarboné », ils séduisent les associations et une partie des habitants. Mais leur concrétisation dépendra de financements publics et de choix politiques courageux.

Quelles sont échéances à garder en tête ?

  • D’ici deux mois : la décision de Parker de déposer, ou non, un recours juridique.
  • D’ici un an : le possible dépôt d’un nouveau dossier UTNS, mais avec une nouvelle enquête publique et des études renforcées… ce qui prendra du temps.
  • En 2026 : attribution en juin prochain de la nouvelle DSP pour l’exploitation du domaine alpin, échéance cruciale pour l’avenir de Villard-de-Lans. Très attendue, notamment par Augustin Dufaure de Lajarte.


La décision rendue hier par le préfet coordinateur du massif alpin est lourde de conséquences. L’échec du projet Parker n’est pas seulement une affaire de dimensionnement ou de procédures administratives : il illustre un changement d’époque dans les stations de montagne. Face à la pression écologique, à la rareté de l’eau et à l’opposition citoyenne, les grands projets touristiques doivent désormais prouver leur soutenabilité. Dans le Vercors, le débat est encore ouvert entre modèle « resort » et alternatives plus sobres. Mais pour Tony Parker, qui voyait dans ce projet l’un des piliers de sa reconversion entrepreneuriale, la partie est loin d’être gagnée. 
 

Photo d'en-tête : Ananda Resort
Thèmes :
Environnement
Montagne
Ski
Station de ski

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