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Captain Watson de Sea Shepherd : Ecofasciste ? « À cette accusation, je plaide fièrement coupable »

  • 19 septembre 2025
  • 6 minutes

Paul Watson Paul Watson Éminent écologiste canado-américain, fondateur de Sea Shepherd, Paul Watson milite depuis plus de 45 ans pour la protection du monde marin.

Le 13 septembre dernier, Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd, l’ONG de défense des océans la plus combative au monde, est intervenu dans le cadre de la Fête de l’Humanité, à Brétigny-sur-Orge. L’annonce de sa venue au festival avait provoqué un tollé chez plusieurs collectifs écologistes, qui réclamaient sa déprogrammation. Leur réaction ne s’est pas faite attendre : quelques dizaines de personnes ont hué et scandé « Tout le monde déteste Paul Watson » alors qu’il tentait de tenir un débat sur la scène de l’Agora. Parmi les invectives qui fusent, il est traité de « écofasciste ». Une attaque à laquelle il répond aujourd’hui par un texte percutant. Publié ici dans son intégralité.

Hier, je ne savais pas ce qu’était un écofasciste. Aujourd’hui, apparemment, j’en suis un.

Samedi dernier, j’ai parlé devant une foule conséquente lors de la conférence annuelle de la Fête de l’Humanité en France.

Ce fut un événement passionnant, quelques milliers de personnes sympathisantes mais également environ deux cent manifestants indignés qui me hurlaient dessus et exigeaient qu’on me fasse taire , ce que j’ai trouvé plutôt ironique pour un évènement qui défend la liberté d’expression.

Ce n’est pas de la faute des organisateurs, que j’ai trouvés plutôt ouverts et respectueux du droit de parole, et j’apprécie qu’ils m’aient invité.

Les quelques centaines de perturbateurs étaient un groupe pour le moins enthousiaste, certains brandissaient le poing et me dénonçaient comme cette chose qu’ils appellent un « écofasciste. »

J’ai l’habitude d’être traité de beaucoup de choses, notamment d’écoterroriste, d’extrémiste environnemental, d’activiste militant perturbateur et d’écopirate. Tous des surnoms très flatteurs et maintenant je peux en ajouter un nouveau – écofasciste.

C’était génial. J’adore les publics hostiles et les débats animés, j’ai trouvé leurs chants « antifascistes  » accrocheurs et mélodieux .

J’ai toujours trouvé ce genre de perturbations excitantes pour ma part car elles créent une atmosphère propice à la transmission d’un message. La dernière fois que j’ai eu un public encore plus hostile, c’était il y a de nombreuses années quand j’ai débattu avec le Premier ministre de Terre-Neuve Brian Peckford devant un public de mille partisans de la chasse aux phoques, ou en 1984 quand je me suis adressé à une foule de trappeurs et de chasseurs en Colombie-Britannique du Nord en m’opposant à l’abattage de loups sponsorisé par le gouvernement. J’ai apprécié ces rencontres et je dois admettre que j’ai également apprécié la rencontre de samedi dernier. Rien de mieux que les cris fervents d’une foule pour m’inspirer et me motiver davantage. Donc j’étais très certainement inspiré pour exprimer mes positions, encore plus haut et fort, sur le biocentrisme, l’écologie profonde et les droits de la nature, ce qui, me dit-on, est de l’écofascisme.

Et si c’est ainsi que l’écofascisme est défini, je ne m’en défendrai pas.

Donc, en gardant le sourire et en élevant le volume de ma voix, j’ai transmis mon message sur l’importance de défendre la vie, la diversité et l’interdépendance dans les océans.

D’après ce que j’ai compris, ces gens étaient contrariés que mes priorités soient écologiques et non politiques, que je valorise la vie des autres espèces au-dessus de l’humanité et que je considère le matérialisme humain et le comportement humain comme destructeurs pour la nature. Leur point de vue est que ma position de rectitude écologique n’est pas un point de vue politiquement acceptable.

Tout ceci est très vrai et je ne présente aucune excuse. Je considère leur colère anthropocentrique comme une validation de mon biocentrisme.

Nous, les humains, vivons sur cette planète grâce à des centaines de milliers d’espèces, nous sommes des passagers du Vaisseau Terre, et si nous voulons survivre, nous devons nous assurer que tous survivent.

Je défends le biocentrisme, l’idée que nous ne sommes pas les maîtres et possesseurs de cette planète, que nous ne sommes pas l’espèce la plus importante au monde , et que les droits des humains ne devraient pas avoir la priorité sur les droits des autres espèces, plantes comme animaux.

Certains considèrent apparemment mes critiques de l’anthropocentrisme comme racistes.

Je ne crois pas qu’une personne biocentrique puisse être raciste puisque nous reconnaissons qu’il n’y a qu’une seule race, la race humaine, et que chaque humain est égal à tout autre humain et que toute vie de toutes les espèces est interdépendante.

Cependant, nous ne sommes pas écologiquement égaux à de nombreuses autres espèces parce que beaucoup d’autres espèces sont plus précieuses que nous au maintien de la vie sur Terre. Cela signifie concrètement qu’elles n’ont pas besoin de nous, mais nous avons besoin d’elles. Nous ne pouvons pas vivre sur cette planète sans les microbes, les abeilles, les champignons, les arbres, les poissons, le phytoplancton et les baleines. Ils se porteraient en revanche très bien sans nous.

Certains m’ont accusé d’être anti-autochtone pour m’être opposé à la chasse baleinière de la tribu Makah de l’État de Washington, oubliant commodément que mon opposition était à l’invitation de plus d’une douzaine d’Anciens de la nation Makah et que beaucoup de membres de mon équipage étaient eux mêmes autochtones.

Ne se revendiquer ni de droite ni de gauche ni même centriste est une position incompréhensible pour certains. Ce sont des valeurs politiquement anthropocentriques, et je rejette les valeurs anthropocentriques. Donc, pour la droite, je suis dénoncé comme gauchiste et pour la gauche, je suis dénoncé comme extrémiste de droite ou cette chose intéressante qu’ils appellent un écofasciste.

Après toute une vie passée à travailler avec et à lutter pour les droits des autochtones d’Amérique du Nord et du Sud, des Aborigènes d’Australie et des Maoris de Nouvelle-Zélande, c’était hilarant de voir un groupe d’Européens blancs privilégiés me dénoncer sur la base de désinformation et de propagande biaisée de mon histoire, une histoire dont ils ne savent de toute évidence pas grand-chose.

Certains m’ont accusé d’être anti-immigration, ce à quoi j’ai répondu que je ne crois pas aux frontières et que mes opinions sur l’immigration sont les mêmes que celles du défunt leader du syndicat United Farmworkers, César Chávez : l’immigration illégale est utilisée par l’agrobusiness et les entreprises américaines pour maintenir les communautés latinos dans la pauvreté, une politique qui perpétue la misère et l’esclavage moderne aux États-Unis.

Je ne suis certainement pas nationaliste et, à mon avis, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud devraient avoir des frontières ouvertes. Un être humain devrait avoir la liberté de se déplacer sur la planète sans restriction ni persécution.

Et bien sûr, on m’accuse d’être raciste à cause de mon amitié avec Brigitte Bardot. Pour cela, je ne présente aucune excuse. Ce que Brigitte Bardot a accompli en 1977 mit fin au massacre commercial des phoques au Canada. Parce qu’elle a parlé, parce qu’elle a utilisé sa célébrité pour faire avancer la cause, plusieurs millions de bébés phoques ont eu la vie sauve et le marché des produits en peau de phoque s’est effondré dans de nombreux pays, y compris dans toute l’Europe. Je connais très peu de gens qui ont accompli autant pour les animaux qu’elle.

Une autre accusation est que je veux voir la population humaine réduite de huit milliards à moins d’un milliard de personnes. C’est une déformation grossière de ce que j’ai réellement dit de nombreuses fois, à savoir que si l’humanité persiste à ignorer les lois de l’écologie, de l’interdépendance et la diminution de la diversité, cela conduira à la diminution des ressources et de la capacité de charge et aura des conséquences dévastatrices sur les populations humaines qui chuteraient en deçà de 1 milliard. Je ne préconise pas une réduction forcée de la population, mais je souligne que si la croissance démographique humaine n’est pas stabilisée, cela entraînera un effondrement écologique et l’incapacité de soutenir plus de huit milliards de personnes.

Un monde sans abeilles, sans arbres, sans herbe, sans poissons n’est pas un monde capable de soutenir tant de milliards de primates consommateurs de ressources finies.

Énoncer des faits écologiques et exposer des réalités écologiques n’est pas anti-humain. En fait, c’est très pro-humain parce que le mouvement environnemental vise vraiment à sauver l’humanité de la folie écologique de l’humanité.

Si mes positions politiques ne sont ni de droite ni de gauche, alors que sont-elles ?

C’est très simple, mes positions politiques sont anti-guerre (peu importe la raison), anti-racisme, anti-pauvreté, anti-génocide, pro-animal, pro-plante, pro-nature, pro-enfants et pro-paix.

Je n’ai pas besoin de me définir par les querelles incessantes et improductives entre les stupides idéologies anthropocentriques de gauche et de droite.

Mes positions ont toujours été écologiquement correctes, c’est-à-dire conformes aux trois lois fondamentales de l’écologie – la loi de la diversité, la loi de l’interdépendance et la loi des ressources finies.

Aucune espèce ne peut survivre en dehors de ces impératifs écologiques.

Mes efforts pour travailler avec les Kayapó remontent à 1989 quand j’étais aux côtés du chef Paulinho Paiakan pour m’opposer au barrage du fleuve Xingu. En 1973, j’ai servi au combat comme infirmier pendant l’occupation de Wounded Knee par l’American Indian Movement pour défendre le traité de Fort Laramie de 1868.

Tout cela ne signifie grand-chose pour quelques centaines de blancs qui me crient « écofascisme » tout en essayant sans succès de m’empêcher de parler. Ils ont décidé que ce que je disais était inacceptable pour eux et c’est parfaitement compréhensible puisque je ne tiens pas les positions que j’exprime dans le but de plaire aux gens. Je sais que mes opinions énervent beaucoup de gens et c’est le but – forcer les gens à affronter les réalités écologiques.

Une question qui m’a été posée était si j’avais dit que les vies de quatre cent mille phoques valaient plus que les vies de quatre chasseurs de phoques qui sont morts en essayant de tuer des bébés phoques du Groenland. J’ai dit que oui, j’avais dit ça. Pourquoi dirais-je une telle chose ? Eh bien, parce que les vies de quatre cent mille phoques valent plus que les quatre hommes qui essayaient de les tuer.

Est-ce une déclaration écofasciste ? Peut-être, mais je vois ça comme une vérité écologique. La survie d’une espèce menacée est plus importante que les quelques vies d’une espèce beaucoup plus abondante.

Je suis monté sur cette scène sans savoir ce qu’était un écofasciste. Une heure plus tard, j’en suis descendu sous les applaudissements de mille personnes et les huées de quelques centaines d’autres avec une compréhension claire que selon leurs valeurs anthropocentriques, j’étais un environnementaliste écofasciste qui aime et respecte les animaux et la nature plus que l’humanité.

Et à cette accusation, et si c’est leur définition, je plaide fièrement coupable.

Capitaine Paul Watson 

Photo d'en-tête : Sea Shepherd
Thèmes :
Environnement
Polémique
Politique
Société

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