En 2026, la star de Free Solo tentera l’ascension en solo intégral de la tour Taipei 101, le plus haut gratte-ciel de Taïwan – 508 mètres, 101 étages – lors d’un direct de deux heures diffusé sur Netflix. Si l’événement, intitulé Skyscraper Live, s’inscrit dans la stratégie de la plateforme de streaming qui multiplie les formats « live » pour élargir son audience, reste à comprendre ce que vient chercher Alex Honnold sur le terrain d’Alain Robert.
« Un spectacle à couper le souffle dont il sera impossible de détourner le regard », c’est ainsi que Brandon Riegg, vice-président des contenus non fictionnels et sportifs chez Netflix, décrit le projet dans un communiqué. Derrière cette mise en scène sensationnelle, on comprend les intérêts de la plateforme américaine… moins celle d’Honnold.
Pourquoi cette mise en scène ?
Au-delà du vertige que promet Skyscraper Live, ce pari s’inscrit dans la stratégie de Netflix : multiplier les événements retransmis en direct pour attirer une nouvelle audience et, surtout, séduire les annonceurs.
On connaît la plateforme pour avoir révolutionné la télévision traditionnelle en rendant films, séries et documentaires disponibles à la demande. Mais ces dernières années, Netflix a opéré un virage en explorant le direct. Après le Roast de Tom Brady en 2024, le combat improbable entre Jake Paul et Mike Tyson, ou encore la diffusion de matchs de boxe, de NFL et de shows comiques en direct, le numéro un mondial de la video en ligne enrichit son catalogue live avec ce coup de poker inédit.
Car l’enjeu est clair : après avoir longtemps affiché une croissance fulgurante, le nombre d’abonnés stagne. Pour continuer à engranger des revenus, Netflix doit convaincre les annonceurs. Et les événements en direct, comme le sport ou ce type de spectacle, offrent de précieuses coupures publicitaires que le spectateur ne peut pas zapper.
Et pour Honnold ?
Dans son communiqué, Netflix met en avant la fondation d’Alex Honnold, qui soutient l’accès à l’énergie solaire dans les zones défavorisées. Mais ce projet, c’est aussi l’occasion pour le grimpeur le plus médiatisé au monde de toucher un public encore plus large que celui de Free Solo.
On le voit déjà apparaître dans des films hollywoodiens liés à l’escalade – notamment le film d’horreur The Sound ou encore In Tandem – preuve qu’Honnold cherche désormais à s’adresser au grand public. Nul doute que Skyscraper Live sera vu par des millions de spectateurs à travers le monde – et qu’une partie d’entre eux découvrira ainsi l’univers de l’escalade.
« Je n’ai pas besoin de filmer chaque projet »
Lors d’une interview accordée en 2023, avant la sortie de sa série documentaire Arctic Ascent sur National Geographic, Honnold nous confiait que ce n’était pas la difficulté technique d’une ascension qui en déterminait sa médiatisation : « Si je veux faire une performance, je le fais pour moi, je n’ai pas besoin d’en faire un film », expliquait-il.
Pour lui, ce qui compte, c’est le récit, les personnes impliquées et la capacité du projet à toucher un public mainstream. Et dans cette logique, le solo intégral a une force immédiate : tout le monde comprend ce qui est en jeu. Une erreur, une chute, et c’est la mort. Pas besoin d’avoir déjà enfilé un baudrier pour saisir l’enjeu.
À l’époque, Honnold doutait de pouvoir un jour retrouver l’ampleur médiatique de Free Solo. « Aucun projet que je ferai n’aura jamais la même portée », assurait-il.
Peut-être que Skyscraper Live lui prouvera le contraire. On ne s’attend pas à voir l’émission décrocher un Oscar. Mais parions que des millions de spectateurs seront au rendez-vous.
Photo d'en-tête : Netflix