Hier, jeudi 19 juin, à 23h04, le clairon a sonné pour marquer le départ de la Chartreuse Terminorum – 300 km, 25 000 m de dénivelé positif, sans balisage ni GPS – organisée à Saint-Pierre-de-Chartreuse (Isère). Inspirée de la redoutable Barkley Marathons, course à mi-chemin entre l’ultra trail et la course d’orientation dont elle reprend les codes, elle s’annonce plus corsée que jamais pour sa 7e édition. Pas question que le scénario de 2023 se reproduise ! Cette année-là : 5 finishers parvenaient à boucler les 5 boucles de 60 km et 5 000 m de dénivelé positif dans les temps requis. Parmi eux, en tête, un certain Sébastien Raichon qui met la barre très haut cette année. En prenant le départ pour la deuxième fois, sûr qu’il est décidé à démontrer que ce n’est pas un hasard s’il s’est imposé comme le « premier finisher de l’histoire de la Chartreuse Terminorum ». Il a moins de 80 heures pour le prouver, face à des concurrents qui ne lâcheront rien non plus.
A 11h00 ce vendredi, les organisateurs de la Chartreuse Terminorum annonçaient sur Facebook que les « organismes fatiguaient » à l’issue d’une nuit éprouvante, passée « à la recherche du temps perdu entre vallons et à pics de la forêt d’exception de la Grande Chartreuse ».
« À la lueur des frontales, ils [les coureurs] ont cherché leur chemin… et avec peu de sommeil, les organismes sont moins lucides pour trouver les livres, bien planqués dans les sous-bois. Il faut fouiller, tâtonner, croiser les indications du roadbook et de la carte au 1/25 000e. Une souche ? Un Rocher ? Peut-être… ou pas.
Pas de page = pas de preuve = pas de tour validé.
Et à la Terminorum, la règle est claire : tu avances… ou tu jardines. Certains prennent le pari de s’arrêter, se reposer, tenter de trouver l’énergie qui leur manque pour repartir. Le chrono tourne. Et pour espérer rentrer dans les temps, mieux vaut ne pas trop aimer les fougères. »
Résultat, à l’heure où nous bouclons cet article, au moins quatre coureurs avaient jeté l’éponge. Sur les 38 participants qui ont pris le départ hier, à 0h04, il n’en resterait que 34. Et ce, à l’issue de 12 heures seulement.
La devise de la Chartreuse Terminorum ?
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Soit : « Personne n’aime la douleur en elle-même, ne la recherche et ne la souhaite, tout simplement parce qu’il s’agit de la douleur ».
Or depuis midi aujourd’hui, le département est passé en vigilance orange canicule, avec des températures qui pourraient être supérieures à 35 degrés. La chaleur devrait être moins sensible dans le massif, mais c’est un des paramètres qui pourrait jouer contre les coureurs. Ou en leur faveur.
Parmi les traileurs en lice aujourd’hui, Sébastien Raichon, 53 ans. Ce spécialiste de la course d’aventure, vainqueur du Tor des Glaciers en 2022, a marqué l’histoire de la Chartreuse Terminorum en devenant aussi cette année-là le premier à remporter cette épreuve qui se targuait d’être impossible à gagner. Et il y a dix jours, il explosait son propre record du GR20 en totale autonomie (180 kilomètres et 13 000 m D+ ), en 41 heures, 53 minutes et 18 secondes. Là aussi, il a dû faire avec la chaleur. Bref, il devrait être plus qu’à l’aise en Chartreuse, si tant est qu’il ait pu récupérer comme il le prévoyait. Dix jours, ça fait court, mais le Vauclusien a prouvé qu’il avait des ressources.
Par ailleurs, il connaît le parcours, bien que renouvelé de près d’un tiers cette année. Et si les règles de base de cette course hors normes peuvent troubler un novice, Raichon devrait en faire son affaire : il a l’esprit compétiteur, mais joueur aussi!
15 livres, 5 boucles et 80 heures maximum
Le principe de la Chartreuse Terminorum est simple. Les coureurs doivent parcourir une boucle de 60 kilomètres et 5 000m de dénivelé positif en moins de 16 heures. Mais, difficulté majeure, quinze livres y sont cachés. Ils doivent donc arracher une page de chacun d’entre eux, soit quinze pages, et les rapporter dans les temps aux organisateurs avant de pourvoir repartir pour un nouveau tour. La veille, ils ont certes pu prendre connaissance du parcours, étudier le roadbook et recopier le tracé du parcours de 60 kilomètres, mais avec la fatigue et la privation de sommeil, l’opération est plus difficile à chacun des cinq tours qu’exige la course.
40 participants seulement, et des règles d’inscriptions dès particulières
Pour s’inscrire, il ne suffit pas de quelques clics sur un site internet et de son numéro de carte bancaire. L’inscription à la Chartreuse Terminorum se mérite. Si la somme de 3 € à régler (inchangée depuis la création de l’événement en 2017) et la bouteille d’alcool régional requise sont accessibles à tous, il en va différemment pour la lettre de motivation exigée. Chaque prétendant doit rédiger une missive envoyée par courrier, dans lequel il répond à cette question : « Pourquoi devrais-je être retenu pour participer à la Chartreuse Terminorum ? ». Des lettres très personnelles, comme nous l’expliquaient déjà en 2019, le Triumvirat (Cédric Argoud, Benoît Laval, Nicolas Diederichs et Emmnanuel Heyrman), chargé chaque année de la sélection de coureurs.
Pour suivre la course, direction la page Facebook de l’organisation
Les 6 Finishers de la Chartreuse Terminorum à ce jour
2024
Devaux François
2023
Raichon Sébastien
Berthon Mickael
Herrero casas Alberto
Bachelet Benoît
Moyroud Nicolas
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