200 dollars pour 100 km de pistes ou 80 euros pour 600 km ? Faites le calcul. Avec des forfaits journaliers qui flirtent parfois avec les 300 dollars par jour aux États-Unis et des pass internationaux qui ouvrent désormais les portes des grands domaines européens, les Alpes apparaissent comme l’affaire du siècle pour les skieurs américains. Cet hiver, ils devraient être plus nombreux que jamais à poser leurs spatules dans nos massifs.
En quelques années, les tarifs des forfaits des grandes stations nord-américaines se sont envolés : plus de 300 $/jour dans le Colorado ou l’Utah, assurance et location non comprises. Résultat : pour un skieur américain, une semaine complète dans les Alpes — forfait, hébergement, restaurants — revient souvent moins cher qu’un séjour équivalent à la maison. À cela s’ajoute un dollar fort, qui accroît encore le pouvoir d’achat en Europe.
L’avènement des pass multi-stations
Les Alpes ont toujours été un Graal pour les skieurs. Et, contrairement aux stations américaines où les forfaits dépassent facilement les 200 dollars par jour, des offres comme le Mont Blanc Unlimited coûtaient 74 € la journée la saison dernière (les tarifs 2025-26 ne sont pas encore publiés). Il donne accès à quatre domaines skiables en France, en Italie et en Suisse. Au total, ce pass couvre plus de 800 kilomètres de pistes (à titre de comparaison, Park City Mountain Resort, le plus vaste domaine d’Amérique du Nord, compte environ 250 km).
Le Mont Blanc Unlimited comprend un accès illimité à quatre grands domaines européens — Chamonix Mont-Blanc, Les Houches–Saint-Gervais et Évasion Mont-Blanc en France, et Courmayeur en Italie — ainsi qu’une réduction de 50 % sur les forfaits de Verbier 4 Vallées, en Suisse. Il inclut aussi quatre espaces débutants et des trajets emblématiques : téléphérique de l’Aiguille du Midi, train du Montenvers–Mer de Glace, Tramway du Mont-Blanc et Skyway Monte Bianco.
Aussi, avec Ikon et Epic, les deux géants américains des pass saison, les skieurs d’outre-Atlantique ont accès aux plus grandes stations des Alpes. L’Ikon Pass, dans sa version 25/26, inclut désormais sept jours sans restriction à Chamonix Mont-Blanc, couvrant le Grands Montets, Les Houches, Le Tour/Balme, La Flégère et Le Brévent, et donne aussi accès à des destinations phares comme Dolomiti Superski, Zermatt, St. Moritz, Kitzbühel ou Ischgl selon le niveau de pass.
De son côté, l’Epic Pass 25/26 offre un accès illimité à Andermatt-Sedrun-Disentis et Crans-Montana en Suisse, sept jours consécutifs dans Skirama Dolomiti et aux 3 Vallées, cinq jours à Verbier 4 Vallées et trois jours à Ski Arlberg en Autriche, sous réserve de réserver son hébergement via des partenaires désignés. Il ajoute en plus, pour l’hiver 25/26, des séjours de cinq jours dans d’autres grands domaines autrichiens : Skicircus Saalbach Hinterglemm Leogang Fieberbrunn et Kitzsteinhorn, Mayrhofen et Hintertux, Silvretta Montafon et Sölden.
Dans un secteur rarement associé aux bonnes affaires, c’est une vraie aubaine.
Plus qu’une question de prix
Pour beaucoup de visiteurs venus d’outre-Atlantique, les Alpes ne se résument pas aux kilomètres de pistes ou aux bonnes affaires : elles sont aussi synonymes d’un art de vivre que l’Amérique du Nord n’offre pas. De l’ambiance chic et festive de La Folie Douce – DJs en plein air, champagne et planches savoyardes à 2 000 mètres, ambiance club avant de redescendre à ski – aux villages piétons et à la gastronomie locale, tout participe au dépaysement. Même l’accès devient un argument : TGV jusqu’à la vallée de la Tarentaise, navettes vers les stations, vols directs depuis les États-Unis vers Genève, Lyon, Milan ou Munich, autant d’options qui simplifient la logistique et permettent d’enchaîner ski et city-break européen en un seul voyage. Les réseaux sociaux regorgent de vidéos d’Américains sidérés par ces fêtes en plein après-midi sur les pistes – et tout aussi séduits par la facilité d’accès des stations.
Attendez-vous donc à voir de plus en plus d’Américains sur les fronts de neige, à une demande accrue de cours privés et à des pics calés sur le calendrier US (Presidents’ Week en février, Spring Break en mars). Ce nouvel afflux restera toutefois concentré sur les grands domaines d’altitude, mieux armés face aux aléas climatiques. Or, à l’heure où la neige se fait de plus en plus rare et que l’économie de la montagne doit se repenser sous la pression du changement climatique, cette internationalisation – et les déplacements aériens qu’elle implique – interroge sur sa durabilité et son modèle social. En altitude, oser un vrai virage pour sortir de nos vieux modèles « tout ski », ce n’est pas pour tout de suite.
Photo d'en-tête : Folie Douce- Thèmes :
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