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« Pour Hilaree » : Jim Morrison skie la face nord de l’Everest par le couloir Hornbein, première historique et promesse tenue

  • 16 octobre 2025
  • 4 minutes

La rédaction La rédaction L'équipe de rédaction est un noyau dur de journalistes passionnés, tous basés depuis un bon spot de grimpe, de trail, de ski ou de surf.

Le 15 octobre 2025, l’Américain Jim Morrison est devenu le premier homme à skier la face nord de l’Everest (8 848 m) par le couloir Hornbein, l’une des lignes les plus redoutées, l’un des derniers défis sur le Toit du monde. Une première réussie en hommage à sa compagne Hilaree Nelson, disparue sur le Manaslu en 2022. Pour l’Américain de 50 ans, c’est aussi l’aboutissement d’un rêve partagé, immortalisé par les réalisateurs Jimmy Chin et Chai Vasarhelyi dans un documentaire à venir, Everest North, produit par National Geographic.

Des années qu’il s’y préparait. Et cette fois encore, les conditions n’étaient pas optimales, raconte Jim Morrison à National Geographic, sponsor d’une expédition qui aura duré six semaines et demie. Malgré tout, le timing a été respecté. Et l’objectif atteint. L’Américain faisait partie d’un groupe de douze alpinistes, parmi lesquels Adrian Ballinger et Jimmy Chin. C’est depuis le camp de base nord, sur le versant tibétain de l’Everest, que l’équipe s’est élancée le 15 octobre. À 6 h du matin, elle quitte le camp IV, installé à plus de 8 000 m. À 12 h 45, heure locale, le sommet est atteint. « Seules cinq personnes environ ont déjà gravi le couloir japonais jusqu’au Hornbein, et nous étions douze au sommet », racontera Morrison.

Là, l’alpiniste a tenu une promesse vieille de trois ans en dispersant les cendres d’Hilaree Nelson, sa compagne et partenaire de cordée, morte sur le Manaslu en 2022. « J’ai eu une petite conversation avec elle là-haut, et j’ai senti que je pouvais lui dédier toute cette journée », confie-t-il. Peu avant 14 h, tandis que le reste de l’équipe entame la descente encordée, l’alpiniste chausse ses skis et se lance seul dans le couloir Hornbein, un goulet de glace à 50 degrés, exposé aux avalanches et aux chutes de séracs. Pendant quatre heures et cinq minutes, il enchaîne les virages sautés sur 2 760 mètres de dénivelé jusqu’au glacier du Rongbuk. « Les conditions étaient abominables », raconte-t-il.

Dans la section clé, le passage étroit du Hornbein, le rocher est à nu : Morrison doit déchausser et descendre en rappel sur 200 mètres, passant devant les bonbonnes d’oxygène jaunes abandonnées en 1963 par Tom Hornbein et Willi Unsoeld. Il rechausse ensuite pour poursuivre la descente, marque une pause au camp III avant d’atteindre le glacier. « J’avais pris tellement de risques, mais j’étais vivant. C’était un hommage à Hilaree – quelque chose dont elle aurait été fière. J’ai vraiment senti sa présence à mes côtés. »

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Le couloir Hornbein, une ligne mythique

Jamais personne n’avait réussi à skier cette face dans son intégralité. Morrison devient ainsi le premier homme à descendre ainsi la voie « Superdirect » — la combinaison du Hornbein et du couloir japonais — et plus largement la face nord entière de l’Everest.

Le couloir Hornbein est l’un des itinéraires les plus raides et les plus directs du versant nord de l’Everest. Il porte le nom de Tom Hornbein, alpiniste américain qui, avec Willi Unsoeld, en réalise la première ascension en 1963, lors de la première expédition américaine à atteindre le sommet par une nouvelle voie. Le goulet de neige et de glace, souvent balayé par les vents, relie la face nord à l’arête ouest, formant une ligne de chute parfaite : « celle qu’une goutte d’eau suivrait sous l’effet de la gravité », résume Morrison à National Geographic.

Depuis sa première ascension, seuls quelques alpinistes avaient osé s’y engager. En 2002, le snowboardeur français Marco Siffredi, après avoir réussi la descente du couloir Norton en 2001, tenta le Hornbein. Il disparut à 8 500 m, son corps n’a jamais été retrouvé. D’autres expéditions s’y sont risquées sans succès, dont celle de Jimmy Chin et Stephen Koch en 2003, stoppée par les avalanches.

Hornbein couloir
(Depositphotos)

Comment Morrison s’y est-il préparé ?

L’exploit du 15 octobre 2025 est l’aboutissement de trois années de préparation pour Morrison et son équipe. En 2023, il doit y renoncer : la Chine bloque au niveau administratif. En 2024, l’expédition progresse bien jusqu’à 7 000 m, avant qu’une avalanche ne se déclenche, emportant le Sherpa Yukta Gurung. Blessé, il se rétablira et pourra heureusement retrouver sa place dans l’équipe 2025.

Entre-temps, Morrison s’est entraîné à haute altitude dans le Colorado et à Telluride, souvent sous tente ou en chambre hypoxique. À 50 ans, il reste un athlète complet : pilote, alpiniste et skieur de pente raide. Familier des 8 000 m, son parcours est marqué par des premières mondiales.

En octobre 2018, aux côtés de sa partenaire de cordée et de vie Hilaree Nelson, il devient le premier à skier depuis le sommet du Lhotse (8 516 m). Une ligne de 2 133 mètres de dénivelé dans le couloir du Lhotse, considérée comme l’une des descentes les plus esthétiques et techniquement exigeantes. Quelques mois plus tôt, en mai 2018, il avait atteint le sommet du Cho Oyu et de l’Everest, skiant un total de 3 352 mètres de dénivelé cumulés sur les deux montagnes, dont une ligne de 2 133 mètres sur le Cho Oyu. Plus récemment, en mai 2024, avec Chantel Astorga, il réalise une descente à ski historique de la face nord de l’Everest, via les couloirs japonais et Hornbein.

Au niveau du mental, il fait preuve d’une force et d’une résilience exceptionnelles. Après le crash d’avion qui coûte la vie à sa première épouse et à ses deux enfants en 2011, il fait sienne une citation d’Eckhart Tolle : « Rien ne s’est jamais passé dans le passé, et rien ne s’est jamais passé dans le futur. » Être dans le présent, entièrement, Morrison en aura besoin quand, une décennie plus tard, en septembre 2022, Hilaree Nelson périt sur le Manaslu. Ce jour-là, il perd sa partenaire de cordée et de vie, mais aussi le projet qui les unissait : « Grimper la face nord directe et skier ce que Hilaree et moi considérions comme la plus grande ligne de ski au monde était un rêve que nous avons poursuivi ensemble (…). L’esprit et l’énergie d’Hilaree auront été une force motrice pour moi et mon équipe extraordinaire », confie-t-il à l’issue de son exploit.

Un film attendu en salles

Sans surprise on apprend qu’un documentaire va être tiré de cette première historique doublée d’une aventure humaine. Baptisé provisoirement Everest North, il est actuellement en post-production chez Little Monster Films, la société des réalisateurs Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin, déjà auteurs de Free Solo (Oscar 2019). Produit par National Geographic Documentary Films, en partenariat avec The North Face, ce long métrage est présenté comme « une odyssée physique et émotionnelle », mêlant images tournées sur la face nord — l’une des plus rarement filmées du monde — et archives personnelles du couple Morrison–Nelson. « C’est une histoire d’amour et d’humanité, de dévouement et de sacrifice », résume Chai Vasarhelyi dans National Geographic. « Nous raconterons une histoire extraordinaire sur la force de l’esprit humain et, espérons-le, élargirons la perception du public sur l’expérience humaine », ajoute Jimmy Chin. Le film devrait d’abord sortir en salles, avant une diffusion sur National Geographic et Disney+. La date n’est pas encore précisée.

Photo d'en-tête : Depositphotos / Natgeo - Instagram
Thèmes :
Alpinisme
Everest
Ski de pente raide

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