En 2022, l’ex du GMHM qu’on ne présente plus, était victime d’hypoxie sévère lors de sa première tentative sur le K2 (8611 m). Un choc pour cet alpiniste qui enchaîne les records sans jamais souffler. Infatigable, donc. Mais déterminé aussi. Deux ans plus tard, le K2 reste son objectif numéro un autour duquel tourne toute sa vie depuis quelques mois. Pour l’atteindre, il a mis en place un entraînement très spécifique avec son préparateur physique et son coach mental. Une première pour lui. Nouveau aussi, son choix de couvrir en images les coulisses de cette préparation, via une websérie dont le premier épisode vient tout juste de sortir.
Sur le K2, « je n’étais plus en contrôle », nous racontait Benjamin Védrines en avril 2023, à l’occasion d’une longue interview. « Et ma hantise, c’est de ne pas vieillir. J’ai de plus en plus peur d’y passer. Et ça, je n’en ai pas envie, j’aimerais faire comme Bonatti et savoir décrocher. Il l’a fait à 37 ans. J’en ai 30. » C’était il y a tout juste un an. Depuis, l’alpiniste, n’a pas levé le pied, enchaînant ouvertures, premières et records de vitesse. Et il a muri. Pour preuve, si le K2 – où une sévère hypoxie sévère le stoppait net à 8400 m en 2022 – reste dans sa ligne de mire. Il compte l’aborder différemment. Toujours à la journée, sans supplémentation d’oxygène et en 15 heures, mais mieux préparé.
Dans cette perspective, il s’est entouré de Léo Viret, préparateur physique et de Fabien Dupuis, préparateur mental. Un volet « trop peu considéré » dit-il, qui devrait lui permettre de surmonter ses doutes. Car Benjamin Védrines a beau afficher un incroyable palmarès qui ne cesse de s’étoffer, des doutes il en a. Tout comme lors de son record du Chamonix- Zermatt, nous confiait il alors. « Des doutes sur ma forme physique. Je n’ai pas confiance en moi. Pourquoi ? Je ne sais pas, je suis le dernier de la famille, c’est peut-être pour ça… Je me dis tout le temps que je n’y arriverai pas. Mais les doutes, c’est aussi ce qui me fait réussir. Ils m’aident à mieux me préparer, à mieux m’entrainer, à mieux analyser les paramètres, à checker et rechecker la météo des dizaines de fois. Donc, je vais douter un maximum, je ne vais pas avoir confiance en moi, mais sans être timoré. », expliquait-il.
Mais en homme « curieux d’essayer d’autres choses, ouvert à d’autres pratiques », entre deux records Benjamin se plie à un entrainement physique et mental calibré. Dans ce premier épisode de la websérie couvrant ce cheminement entamé il y près d’un an, on le voit notamment faire un test de VO2 max à Prémanon au Centre National de Ski Nordique et de Moyenne Montagne et dormir une nuit à haute altitude dans une chambre hypoxique.
Un film de 16 minutes pour poser le cadre et ses objectifs, auquel l’alpiniste a contribué. Pour « Edge of reason » (documentaire de 57 minutes sur l’ascension de son premier 8000 m, le Broad Peak (8051 m, diffusé l’année dernière), il avait déjà fait les images avec Nicolas Jean (son partenaire de cordée sur la première partie de l’expédition, ndlr). Cette fois, c’est à la production et à la réalisation que l’on retrouve celui qui se verrait bien « film maker » un jour. « J’en ai l’habitude, depuis que j’ai 15 ans j’ai toujours une petite caméra dans ma poche, où accrochée à mon bâton, » dit-il.
Photo d'en-tête : BACK TO K2- Thèmes :
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