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Kilian Jornet

Trail: tout ne se joue pas dans la descente, selon une étude

  • 30 mai 2019
  • 4 minutes

Eliane Patriarca

Plus de 13% de performance en descente, constatait le chercheur en physiologie du sport et de l’altitude Gregory Doucende en 2018, suite à la mise en place d’un programme d’entrainement spécifique, établi sur les bases d’une première étude. Cette année, c’est à la montée que s’intéresse l’enseignant-chercheur à l’université de Perpignan, directeur de l’UFR Staps à Font Romeu. Son étude sur les facteurs de la performance du trailer en montée, menée sur les pentes du Puy-de-Dôme et à Volvic, est rendue publique aujourd’hui à l’occasion de la Volvic Volcanic Expérience. Outside l’a rencontré.

Pourquoi travailler sur la montée ?

En trail running, le circuit de haut niveau se compose surtout d’épreuves courtes, avec des montées très raides et du dénivelé et, en parallèle, des kilomètres verticaux. Mais il n’existe pas encore d’entraînement  spécifique : c’est une discipline encore jeune, singulière, à laquelle on ne peut transposer les connaissances qu’ont les entraîneurs ou les physiologistes de l’effort sur le plat. Par exemple, par rapport à la course sans dénivelé, en montée, le coût énergétique augmente proportionnellement au pourcentage de la pente. Notre objectif est donc d’identifier les facteurs qu’un trailer doit travailler pour s’améliorer spécifiquement dans la montée comme nous l’avons fait l’an dernier pour la descente.

Grégory Doucende, enseignant-chercheur à l’université de Perpignan, directeur de l’UFR Staps à Font Romeu (Grégory Doucende)

Comment avez-vous procédé ?

Nous avons organisé trois sessions distinctes de tests, espacées chacune de 48 heures de récupération auxquelles ont participé 16 trailers expérimentés de niveaux hétérogènes. Nous les avons emmenés sur les pentes du Puy de Dôme, et plus précisément  sur le sentier des Muletiers : une montée de 340 mètres de dénivelé à environ 20% de pente, où la consigne était de monter au sommet le plus rapidement possible. Les autres tests ont été réalisés à l’Espace Information de la société des Eaux de Volvic

Qu’avez-vous observé ?

Nous avons mis en évidence que l’on  peut expliquer plus de 90% de la performance réalisée en montée sèche au travers de quatre paramètres.

La vitesse ascensionnelle maximale – exprimée en mètres de dénivelés positif par heure – est le facteur physiologique qui influence le plus la performance sur une montée de 15 à 20 minutes. Cette vitesse verticale est liée à la cylindrée du moteur – la VO2 max –  mais aussi à la manière de se déplacer en montée, donc à des facteurs biomécaniques – technique de course ou de marche, force au niveau des muscles des membres inférieurs et notamment les quadriceps.

Le deuxième facteur, c’est le pourcentage de VO2max auquel apparaît le seuil ventilatoire 2 (SV2), seuil qui correspond à un entraînement en résistance. Nos résultats montrent qu’une bonne performance en montée est liée à un SV2 atteint à un pourcentage important de la V02 max. A titre d’exemple, dans notre population d’étude, les sujets les moins performants avaient leur SV2 qui intervenait à environ 80% de la VO2max alors que pour les meilleurs performeurs il intervenait à 94% de la VO2max.  

Troisième paramètre : la vitesse de montée en force des ischio-jambiers, c’est-à-dire l’aptitude à développer cette force musculaire le plus rapidement possible. Plus on est explosif, meilleure sera la performance. Pendant la montée chronométrée, les sujets les plus rapides ont couru tout le long de l’effort. Or, les ischio-jambiers interviennent pour 60% à 75% du cycle de foulée selon la vitesse de course.

Enfin, il semble intéressant d’avoir un profil plutôt typé « force » que « vitesse » mais attention il ne s’agit pas d’une forcetype body building mais plutôt d’une capacité à bien coordonner la capacité de l’ensemble des muscles des membres inférieurs.

Que vous apprennent ces résultats par rapport à l’étude menée sur la performance en descente ?

Ce qui est très intéressant, c’est leur complémentarité.  En descente, la performance repose sur quatre facteurs : un facteur biomécanique, en bref la manière dont on pose le pied. Plus on est sur l’avant-pied, plus on descend vite. Un facteur musculaire : plus vous êtes explosif au niveau quadriceps, plus vous êtes performant en descente. Un facteur perceptif : la prise d’informations rapide et précise sur l’environnement. Et un facteur psychologique : le goût de la prise de risques.

Pour être performant, le trailer se doit donc d’être très complet : il doit avoir une bonne VAmax, un SV2 qui apparaît à un haut pourcentage de VO2max, une bonne vitesse de montée et une explosivité musculaire grâce à des bons quadriceps et de bons ischio-jambiers et de bonnes aptitudes perceptives.

Quels enseignements en retirer pour l’entraînement ?

L’an prochain avec l’organisation de la VVX encore, nous allons entraîner un groupe de traileurs spécifiquement sur ces quatre facteurs afin d’évaluer les gains éventuels de performance. Nous l’avons fait pour la descente, l’an dernier, à raison de 2 séances par semaine, sur 8 semaines et deux qualités/aptitudes travaillées par séance. Et nous avons observé un gain de 13% de la performance en descente ! C’est énorme, on ne s’y attendait pas, d’autant que ces trailers ne sont pas débutants.


Font-Romeu, le trail running sur les bancs de l’université
Ancien vététiste de haut niveau, Grégory Doucende a découvert la course en montagne en 2012.  Depuis, le trail running est devenu à la fois une passion sportive et le principal terrain de travail de ce chercheur en physiologie du sport et de l’altitude. A Font Romeu, il fait parti du Laboratoire européen performance santé altitude, a mis en place une option Trail et Course de Montagne au sein de l’UFR STAPS et a créé un Diplôme universitaire de la performance en trail running, le premier en France.

Photo d'en-tête : Kilian Jornet
Thèmes :
Étude
Performance
Trail Running
Ultra
VO2 max

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