Après Mark Kangogo, suspendu pour dopage en 2022 suite à sa victoire à Sierre-Zinal, c’est au tour de sa compatriote Joyline Chepngeno d’être contrôlée positive sur la même épreuve cette année et pour la même substance : l’acétonide de triamcinolone, un corticostéroïde interdit en compétition. Suspendue pour deux ans, l’athlète de 27 ans – qui avait également remporté la victoire au Marathon du Mont-Blanc en juin dernier – perd son titre à Sierre-Zinal et à l’OCC, décrochés cette année, et le soutien de son sponsor Salomon.
Le 9 août 2025, Joyline Chepngeno franchit la ligne d’arrivée du Sierre-Zinal en Suisse, s’imposant comme la première Kényane à remporter ce 32 km (2 200 D+). Quelques semaines plus tard, le 29 août, à Chamonix, elle réitère l’exploit en s’imposant à l’OCC ( 57 km, 3 500 D+), une épreuve du circuit UTMB. Deux victoires qu’elle vient de perdre, suite à un contrôle antidopage positif. De l’acétonide de triamcinolone, un corticostéroïde interdit en compétition, a en effet été détecté dans un échantillon de son urine analysé au laboratoire accrédité par l’Agence mondiale antidopage (AMA) à Cologne, en Allemagne.
L’AIU a confirmé hier, mardi 9 septembre que la jeune Kényane avait été contrôlée positive à cette substance pouvant temporairement masquer la douleur et augmenter l’endurance. L’athlète a accepté la sanction de deux ans de suspension, effective à compter du 8 septembre 2025, et tous ses résultats depuis le 9 août ont été annulés. De fait, la Kényane Caroline Kimutai – négative, elle, au test antidopage – est donc reconnue comme championne de Sierre-Zinal.
De son côté, l’UTMB n’a pas tardé à réagir dans un communiqué diffusé ce matin :
« L’UTMB Group a pris acte de la décision de l’Athletics Integrity Units (AIU) relative à Joyline Chepngeno, impliquant l’annulation de ses résultats avec toutes les conséquences qui en découlent, à partir du 9 août 2025 et ce pour une période de deux ans.
En conséquence, le classement féminin de l’OCC 2025 qui a eu lieu le jeudi 28 août 2025 a été officiellement mis à jour. La Chinoise Miao Yao devenant la vainqueure de l’épreuve. UTMB Group réaffirmant par ailleurs « son engagement pour un sport propre, équitable et respectueux de l’intégrité des athlètes. »
Quant à son sponsor, Salomon, il a annoncé dans un communiqué mettre fin à sa collaboration avec Joyline Chepngeno
« Nous avons reçu la confirmation officielle que Joyline Chepngeno, l’une de nos athlètes de trail, a été positive à un test antidopage suite à l’utilisation d’antalgiques injectables sous forme de corticoïdes. Ce comportement contredit les valeurs fondamentales de Salomon, qui guident toutes nos actions. Nous resterons fidèles à ces principes sans compromis ; toute violation est inacceptable et ne sera pas tolérée. »
Son coach aussi est incriminé
Joyline Chepngeno n’est pas la seule entachée par cette affaire. Son coach, le Suisse Julien Lyon, a également été suspendu et son équipe, les Milimani Runners (un collectif dédié au développement de traileurs kenyans), exclue du Sierre-Zinal jusqu’à nouvel ordre. Il devra en outre rembourser à la course les dépenses engagées par son équipe (hébergement, repas, déplacements et frais administratifs) et indemniser Sierre-Zinal pour le préjudice à sa réputation.
Suite à la suspension de Mark Kangogo, très médiatisée, l’entraîneur disait avoir très mal vécu cette affaire et avait souligné que la grande majorité des coureurs kenyans restent clean. Parmi des milliers de coureurs, seuls quelques dizaines ont été contrôlés positifs, ce qui représente moins de 1 % des athlètes selon lui. Il voyait le cas de Kangogo comme un exemple à ne pas suivre et comparait son rôle de coach à celui d’un père : il prévient, surveille, mais ne peut pas contrôler tous les gestes au quotidien.
Ce n’est malheureusement pas la première fois qu’un athlète kényan est impliqué dans une affaire de dopage. En 2022, Esther Chesang, également Kényane, avait été disqualifiée du Sierre-Zinal après un contrôle positif à la même substance que Chepngeno.
60 athlètes kenyans sanctionnés ou suspendus pour dopage en 2023
Le Kenya, reconnu pour sa domination en course de fond, est également confronté à un problème de dopage. Le pays occupe la troisième place mondiale en termes de cas de dopage dans l’athlétisme, avec près de 280 athlètes sanctionnés. Selon l’Athletics Integrity Unit (AIU), en 2023 on comptait plus de 60 athlètes kényans sanctionnés ou suspendus, soit une proportion énorme par rapport au reste du monde.
La plupart des cas concernent :
- Des corticoïdes (triamcinolone acetonide, prednisone)
- L’EPO et ses dérivés
- Des stimulants (trimetazidine, norandrostérone, testostérone)
- La falsification de documents médicaux (comme dans le cas de Titus Ekiru ou Diana Kipyokei).
En trail, où l’arrivée des athlètes d’Afrique de l’Ouest est récente, le cas le plus emblématique était à ce jour Mark Kangogo. S’y ajoute aujourd’hui celui de Joyline Chepngeno.
Face à cette situation, le gouvernement kényan dit avoir renforcé ses mesures anti-dopage, En 2022, une menace d’exclusion des Jeux Olympiques a conduit à des réformes, notamment le triplement des tests dans les centres d’entraînement et l’augmentation du budget de l’Agence anti-dopage du Kenya (ADAK). Une politique qui peine à convaincre. Malgré ces efforts, des cas notables persistent, comme ceux de Rhonex Kipruto, suspendu pour six ans en 2024, et de Ruth Chepngetich, détentrice du record du monde du marathon féminin, suspendue provisoirement en 2025 pour un test positif à un diurétique
Retour sur les cas les plus médiatisés d’athlètes kenyans condamnés pour dopage ces dernières années
Athlète | Infraction & Produits incriminés | Sanction et contexte |
Mark Kangogo | Norandrostérone + triamcinolone acetonide | Suspension provisoire (trail) |
Diana Kipyokei | Métabolite de triamcinolone acetonide + falsification | Suspension 6 ans, titre de Boston 2021 retiré |
Betty Wilson Lempus | Triamcinolone acetonide + falsification | Suspension 5 ans |
Titus Ekiru | Triamcinolone acetonide + pethidine + falsification | Suspension 10 ans, résultats depuis mai 2021 annulés |
Stella Barsosio | Trimetazidine (métabolite d’un stimulant) | Suspension de 2 ans à partir du 17 août 2022 |
Alice Aprot Nawowuna | Métabolite du letrozole (agent anti-œstrogène) | Suspension de 4 ans dès le 14 juillet 2022 |
Celestine Chepchirchir | Testostérone exogène | Suspension de 3 ans depuis le 26 mars 2024 |
Agnes Jeruto Barsosio | Non précisé dans les sources (supposé dopant) | Suspension de 5 ans en septembre 2023 |
Nouveau TOP 10 OCC 2025 (catégorie femmes)
- Miao Yao (CHN, UTMB Index 802)
- Judith Wyder (SUI, UTMB Index 804)
- Maude Mathys (SUI, UTMB Index 768)
- Sara Alonso (ESP, UTMB Index 781)
- Ida Amelie Robsahm (NOR, UTMB Index 755)
- Rosa Lara Feliu (ESP, UTMB Index 791)
- Ikram Rharsalla (ESP, UTMB Index 764)
- Jazmine Lowther (CAN, UTMB Index 768)
- Thèmes :
- Dopage
- Trail Running
- UTMB