S'abonner Se connecter
Outside
Outside : aventure training voyage culture
  • Aventure
  • Santé
  • Voyage
  • Société
  • Équipement
  • Films
  • Podcasts
Portrait Bertrand Piccard
  • Société

L’appel de Bertrand Piccard : « Quel monde voulons-nous rebâtir après le Covid-19 ? »

  • 16 avril 2020
  • 4 minutes

La rédaction La rédaction L'équipe de rédaction est un noyau dur de journalistes passionnés, tous basés depuis un bon spot de grimpe, de trail, de ski ou de surf.

« Il est devenu aujourd’hui plus rentable de protéger l’environnement que de le détruire », expliquent le Suisse Bertrand Piccard, inventeur de l’aviation solaire, et Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, tous deux à l’origine de cette tribune que nous relayons aujourd’hui. A l’heure où tous, déjà, nous réfléchissons à « l’après Covid-19 », ils lancent un appel pour que le plan de sauvetage de l’économie européenne ne s’engage pas « dans une voie que l’on sait sans issues » mais prenne résolument le virage du « Green Deal ». Une réflexion qui fait sens dans tous les secteurs, notamment dans l’univers de l’outdoor.


Lausanne, le 16 avril 2020 – La crise du coronavirus n’est pas encore terminée et beaucoup de gens en souffrent : ceux qui l’ont contractée et leurs familles, les travailleurs de la santé en première ligne de la bataille, les travailleurs qui perdent leur emploi, les indépendants et les petites entreprises confrontés à un avenir incertain, et la chute des marchés boursiers. Pour beaucoup, c’est un moment terrible.

Pour l’heure, nous devons nous concentrer sur la lutte contre le virus tout en veillant à maintenir notre économie et notre système financier à flot. Toutefois, au sortir de la crise actuelle, nous devrons relancer notre économie le plus rapidement possible, en mettant en place des chaînes de production, en remettant les gens au travail et en leur permettant de gagner de nouveau un revenu.

Cela nous laisse un choix : nous battre pour revenir à ce que nous avions auparavant ou essayer d’atteindre une situation bien meilleure.

Qu’avions-nous avant le Covid-19 ? Une économie léthargique, linéaire et génératrice de carbone, luttant pour augmenter le taux d’emploi et la qualité de vie, tout en épuisant les ressources naturelles, en produisant des déchets dangereux et des polluants toxiques, mettant en danger la population et l’industrie, sans parler de la crise du changement climatique. Est-ce vraiment cela que nous voulons récupérer ?

Il existe une autre voie : viser une croissance qualitative, avec une économie circulaire, durable et hautement compétitive. Comment y parvenir ? En remplaçant les infrastructures anciennes et polluantes par des infrastructures modernes, propres et efficientes, dans tous les secteurs – eau, énergie, construction, mobilité, agriculture et processus industriels, pour n’en citer que quelques-uns. Cela permettrait de créer beaucoup plus d’emplois et de faire croître notre PIB bien plus que par l’ancienne méthode.

C’est pourquoi il est faux de dire que le « Green Deal » est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre. Les inondations, les sécheresses, les incendies, la montée des eaux et la désertification vont nous frapper de plein fouet. De plus, avec le recul de la nature et la fonte du permafrost nous devrons faire face à d’autres virus inconnus.

L’arrêt soudain de la production et des transports de masse, tout en nuisant à notre économie, nous donne un petit aperçu de ce que cela pourrait être si nous électrifions notre mobilité et réduisions les combustibles fossiles dans notre industrie. Car au lieu d’imaginer de l’air pur au cœur de nos villes, nous pouvons maintenant le sentir.

Le « Green Deal » est avant tout une stratégie de croissance, qui s’avère être également favorable pour l’environnement. Les énergies renouvelables et les technologies propres représentent une opportunité économique et industrielle massive qui a un meilleur avenir que le retour à une économie basée sur les combustibles fossiles, rongée par l’incertitude et l’imprévisibilité.

Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que les technologies propres sont rentables, grâce aux économies d’énergie et de ressources qu’elles permettent. Investir dans ces nouvelles infrastructures n’est pas un coût, c’est un investissement, un moyen d’augmenter les profits de l’industrie et de réduire les dépenses des particuliers.

Nous pouvons construire un solide réseau d’énergies renouvelables basé sur le solaire, la géothermie, la biomasse, l’énergie des océans et l’éolien, même si les possibilités vont beaucoup plus loin ; nous pourrions électrifier les ports pour réduire les émissions du transport maritime, construire des points de recharge pour les véhicules électriques et des stations d’hydrogène, fixer des normes d’efficience plus strictes pour toutes sortes d’appareils, réduire la consommation d’énergie des bâtiments grâce à un chauffage, une ventilation et une climatisation modernes, des technologies d’isolation innovantes ou des solutions intelligentes de gestion de l’ombrage des façades. Nous pourrions aider nos agriculteurs à se moderniser afin qu’ils puissent utiliser moins de pesticides et prendre soin de notre environnement tout en produisant des produits plus sains.

Ces technologies existent déjà. Elles ne représentent que quelques exemples des solutions identifiées et sélectionnées par la Fondation Solar Impulse, et son défi #1000Solutions est là pour le prouver.

Ce dont ces technologies ont besoin, c’est d’un meilleur accès aux investissements, de marchés publics conformes à l’accord de Paris et de réglementations environnementales favorables qui créent un besoin pour ces solutions sur le marché. Retarder le renforcement des normes d’émission des voitures n’aidera pas l’industrie automobile lorsque les villes interdiront les moteurs thermiques et que les clients se tourneront vers les voitures électriques. De même, le maintien en activité des centrales électriques au charbon alors que les prix des énergies renouvelables continuent de baisser ne sera pas non plus d’un grand secours.

Le plan de sauvetage ne doit pas nous relancer dans une voie que l’on sait sans issues.

Au lieu d’utiliser les plans de relance pour soutenir le statu quo – en conservant des modèles économiques obsolètes et en investissant dans des actifs qui seront bientôt abandonnés – nous devrions investir dans la nouvelle économie pour sortir de la crise en meilleure forme que nous y sommes entrés, prêts pour l’avenir : durables, inclusifs, compétitifs et préparés. Cela nous aidera à créer le plus grand marché industriel du siècle, car il est devenu aujourd’hui plus rentable de protéger l’environnement que de le détruire.

Ce pourrait être notre meilleure chance d’y parvenir.


Pour en savoir plus sur la Fondation Solar Impulse, c’est ici.

Photo d'en-tête : Bertrand Piccard
Thèmes :
Bertrand Piccard
Covid-19
Environnement

À lire aussi

Temple japonais et mont Fuji au Japon
La rédaction

Le Japon rouvre ses frontières aux touristes… sous certaines conditions

Te araroa trail nouvelle zelande
La rédaction

La Nouvelle-Zélande réouvre enfin ses frontières : l’occasion de tenter le mythique grand trek du Te Araroa 

Martin Kern, veste Art'eryx Norvan SL
Sylvie Sanabria

Martin Kern atteint d’un Covid long : « j’ai pris ça à la légère, j’y ai laissé pas mal de plumes »

Skieuses Val Thorens
La rédaction

Ski : le port du masque n’est plus obligatoire sur les télésièges et les téléskis

Plus d'articles

Outside le magazine de l'outdoor

Outside entend ouvrir les pratiques et la culture outdoor au plus grand nombre et inspirer un mode de vie actif et sain. Il s’adresse à tous ceux qui aspirent à prendre un grand bol d’air frais au quotidien et à faire fonctionner leurs muscles comme leurs neurones avec une large couverture de l’actualité outdoor.

Newsletter

L'aventure au coeur de l'actualité. Recevez chaque vendredi sur votre boîte mail - gratuitement et sans pub - les meilleurs articles publiés dans Outside.

Liens

  • A propos d’Outside
  • Abonnements
  • Retour d'aventure
  • Mentions Légales
  • CGV
  • Politique de confidentialité
  • 1% for the Planet
  • Offres d’emploi
© Outside media 2025
Activer les notifications