Une vidéo fascinante postée sur Youtube à la veille du 4 mai, « Star Wars day » – pas un hasard bien sûr – a suffi à rendre virale l’annonce de la création d’un « airbike » pouvant aller à 200 km/h». Une invention que l’on devrait à un Polonais qui se montre plus que discret sur ses spécifications techniques. Au point qu’on peut se demander si l’engin n’est pas un pur produit de l’IA. Le doute semble levé par un expert qui a analysé toutes les informations disponibles à ce jour.
Si aux Etats-Unis, c’est Donald Trump qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux en détournant un visuel de la Guerre des étoiles le 4 mai, jour célébrant la série de George Lucas, partout ailleurs, c’est un curieux engin volant, le Volonaut, présenté comme un « air bike » qu’on imagine immédiatement voler dans le désert de Tatooine.
Or, cette fois, il ne s’agirait pas d’une fiction, mais de l’invention d’un inventeur polonais, Tomasz Patan, assurant disposer d’un prototype fonctionnel. Sur son site, l’ingénieur (autodidacte) explique qu’il s’agit du premier « hoverbike » n’utilisant pas d’hélices pour voler. L’engin serait donc propulsé par un moteur à réaction. De quoi lui permettre d’atteindre la vitesse de… 200 km/h. Impressionnant, voire inquiétant.
Parmi les rares informations techniques disponibles aussi : le poids. L’Airbike serait « sept fois plus léger qu’une moto classique ». Une performance rendue possible par l’usage de fibre de carbone et de l’impression 3D. Enfin, « un système de stabilisation exclusif, assisté par un ordinateur de vol, permettrait au pilote de contrôler automatiquement le vol stationnaire ».
Ce prototype, que l’on voit voler dans la vidéo mise en ligne sur Youtube, serait le résultat de « nombreux mois de travail acharné, de défis relevés et d’échecs multiples », selon son concepteur. Un concept tout droit sorti de la science-fiction, devenue une obsession pour un Tomasz Patan, plus enclin à publier des vidéos impressionnantes qu’à dévoiler les secrets de fabrication d’un produit sortant tout juste du « développement en mode furtif ».
Vraie innovation ou fake news générée par l’IA ?
Forcément, les haters n’ont pas manqué de manifester leur doute sur l’existence même du « Volonaut ». D’autant que sur la superbe vidéo mise en ligne, en aucun moment on ne voit l’engin décoller ou atterrir. Ce qui a suscité l’attention d’un expert, Rob Rast. « Pas de roues, pas d’hélices visibles, juste un vol pur et simple. Certains affirment qu’il s’agit d’une image de synthèse, générée par l’intelligence artificielle, ou qu’elle est maintenue par une grue. Je me suis donc penché sur la question. J’ai passé plus de dix ans à construire et à distribuer des vélos électriques, des motos électriques et des skateboards électriques dans plus de 65 pays. Je connais le milieu industriel, et j’ai vu à quoi ressemblait la véritable innovation », dit-il. « J’ai donc analysé tout ce que Volonaut a publié, de son site web à ses pièces en fibre de carbone imprimées en 3D, en passant par ses prétentions en matière de propulsion à réaction et même ses racines dans le projet Jetson ONE eVTOL ».
Il a partagé ses conclusions dans une vidéo très étayée, dont nous retiendrons les points suivants :
La vitesse ? Le Volonaut pourrait atteindre les 200 km/h. « C’est ce que peut faire une moto électrique, dont oui, c’est possible », dit-il. Mais la démonstration de la vidéo est loin d’être probante sur ce point.
Le poids ? 7 fois plus légère qu’une moto classique. « Pour une moto sportive, le poids moyen est de 160 kg à 180 kg, et pour un cruiser on parle de 320 kg voire 365 kg en moyenne. Donc sept fois plus léger nous donnerait plus ou moins un engin volant de 45 kg. Cela semble ambitieux, mais est-ce possible ? C’est à creuser », dit-il. « Mais peut-être jouable », poursuit-il, si on a recours à la 3D et la fibre de carbone qu’on utilise déjà dans l’industrie aéronautique. Point que semble confirmer l’étude des quelques photos et videos mises en ligne par le constructeur sur son site et ses réseaux.
Le mode de propulsion ? Selon l’expert, pour le moulage, le réservoir de 15 à 19 litres d’une Honda aurait été utilisé, d’après la photo examinée. Mais peut-être s’agit-il d’un autre prototype ? Quoi qu’il en soit, il suppose donc que l’engin ne serait pas propulsé par l’énergie électrique.
Un pur produit de l’IA ? La formation initiale de son concepteur, Tomasz Patan – ingénieur autodidacte mais aussi solide pilote de drone – pourrait le laisser penser, sa vidéo étant très impressionnante. Mais au regard de son analyse, l’expert considère que le Volonaut est bien réel, il est notamment convaincu par la façon dont l’engin fait ses accélérations qui ne sont pas sans rappeler le mode de propulsion des jetmen, popularisé par les Flying Frenchies, Vincent Reffet et Fred Fugen.
Conclusion de l’expert : « Je pense que cet engin est bien réel et qu’il fonctionne avec un moteur à réaction. Mais j’adorerais en savoir plus et savoir comment (et quand) son concepteur compte le mettre sur le marché », dit-il.
Sur ce point, rien n’a percé. Aucun prix, ni précommande à ce jour, mais une chose est sure, c’est qu’il est fort possible (mais est-ce souhaitable ?) qu’on voit un jour notre ciel envahi de « vélo volant, tout comme les mers sont sillonnées par des essaims de jet-skis. Car son concepteur n’en n’est pas à son coup d’essai.
Depuis 2017, on lui doit déjà le Jetson ONE, sorte d’ULM monoplace, appelé eVTOL (véhicule volant autonome), équipé d’un parachute, dont le pilotage ne requiert aucune licence ni formation spéciale aux États-Unis. En 2018, il a également conçu une voiture volante personnelle. Initialement fabriqué en Pologne, le Jetson ONE est produit depuis 2022 en Italie, où l’entreprise aurait obtenu l’autorisation de l’Autorité italienne de l’aviation civile (ENAC) pour faire voler l’appareil dans l’espace aérien non contrôlé italien.
Photo d'en-tête : Volonaut- Thèmes :
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