Alors que Greenpeace, Les Amis de la Terre et Oxfam appellent, suite à la pandémie, à ne pas verser d’aides publiques aux entreprises sans contrepartie environnementale, la période est plus que jamais propice à reconsidérer nos choix en tant que consommateurs de produits outdoor, une industrie notoirement polluante. Si un certain nombre de marques ont récemment fait des efforts pour limiter leur impact, rares sont celles qui ont déjà reconfiguré toute leur production dans ce sens. Parmi elles, le très discret VAUDE, l’une des marques leader du marché européen, très engagée au niveau environnemental.
Interrogé sur le lien entre pandémie du coronavirus et dérèglement climatique, Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, expliquait fin mars que « c’est avant tout l’hyper mobilité humaine qui a favorisé la pandémie du coronavirus. En effet, si les humains se déplaçaient moins et moins loin, la contagion aurait été plus limitée. C’est d’ailleurs l’objectif du confinement. Mais les maladies infectieuses sont bel et bien favorisées par le dérèglement climatique et la destruction de la biodiversité. » Un constat alarmant qui pourrait s’aggraver encore dès la fin du confinement, prévue pour le 11 mai en France. « S’il se confirme », poursuivait en effet Jean-François Julliard, « le report de grands rendez-vous internationaux comme la COP26, cruciale pour la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris, et la Convention sur la diversité biologique (CBD), risque de repousser aux calendes grecques les grandes décisions internationales dont nous avons besoin pour faire face à deux autres urgences : le changement climatique et l’effondrement du vivant ».
Une analyse à laquelle ont souscrit seize dirigeants d’organismes scientifiques dans une tribune publiée le 17 avril dans Le Monde », et que ne renierait sans doute pas la marque allemande VAUDE.
Plus aucun recours aux PFC
Signataire en 2016 du Greenpeace Detox Commitment, l’équipementier s’est en effet engagé à éliminer d’ici fin 2020 toutes les substances polluantes de la totalité de sa chaîne d’approvisionnement et à fabriquer toutes ses collections sans avoir recours aux PFC (per fluorocarbures). Discrètement, mais avec une redoutable efficacité, cette entreprise familiale dont le crédo – « produire des produits engagés pour un monde qui vaut d’être vécu » – peut sembler un peu naïf dans sa formulation, a vu notamment ses efforts récompensés en février 2019 pour « la meilleure transparence dans le développement durable ». Une reconnaissance par ses pairs, qui, pour le consommateur, se traduit très concrètement par des efforts continus en matière d’environnement à tous les niveaux de production, et ce depuis les premiers jours.
Créée en 1974 en Allemagne, cette marque spécialiste du sport de montagne haut de gamme a très vite gagné en notoriété et étendu son champ d’action au vélo, puis à toutes les activités sportives quotidiennes, en salle comme en plein air. Elle produit désormais pratiquement toutes les gammes de matériel outdoor, décomposées en trois segments « Mountain Sports », « Bike Sports » et « Packs ‘n Bags », allant des tentes à l’équipement de trekking, en passant par les accessoires de VTT ou de voyage.
Vérifier l’ensemble de la chaîne de production
Pionnier d’un style de vie éco-responsable, VAUDE adopte rapidement les normes les plus exigeantes. Dès le milieu des années 90, la marque lance les premiers essais pour recycler entièrement les vêtements techniques des sportifs outdoor, au sein du réseau Ecolog-Recycling.
En 2001, elle est la première marque de l’industrie outdoor à soutenir et utiliser le label Bluesign, l’un des plus exigeants de l’industrie textile. L’ensemble de la chaîne de création de valeur du textile y est en effet régulièrement vérifiée et évaluée. Elle ne peut alors appliquer cette procédure qu’à une partie de ses gammes, mais la démarche, rare à l’époque, mérite d’être soulignée.
Quelques années plus tard, en 2009, comme il n’existe pas de certificat unique pour évaluer l’ensemble des produits outdoor sur le critère du respect de l’environnement, elle crée son propre label de qualité avec son procédé « Green Shape ». Plus exigeant encore que « Bluesign » qui ne certifie que la matière première textile – et non les bandes thermo, fils, zips et autres velcros – « Green Shape » prends en compte tous les éléments constituants d’une veste, par exemple. Design, matériaux, mode de production, intensité de l’entretien, possibilités de réutilisation ou de recyclage des produits, tout est analysé avant validation. Le label se montre particulièrement rigoureux sur la sélection des matériaux. Un gros travail est en effet fourni pour éviter le recours aux substances polluantes et renoncer notamment aux membranes PTFE et au PVC. Enfin « Green Shape » vise aussi à nous simplifier la vie en affichant un seul et unique logo sur le produit plutôt que de multiplier les « BlueSign », « OEKOTEX » et autres « ISO », pas toujours très parlants pour le consommateur.
L’année suivante, VAUDE rejoint la Fair Wear Foundation, fondation contrôlant les conditions de travail et de salaires de ses producteurs du monde entier et commence en 2011 à collaborer avec le WWF en Allemagne dont elle contribue à financer les projets de protection de la nature.
En 2018, c’est à l’upcycling que s’attaque la marque, déjà très attachée à la durabilité de ses produits qu’elle veut simple à réparer et entièrement recyclables. L’étape suivante est donc de produire des sacs et des kits de réparation de vélo à partir de résidus de matériaux, notamment en toile de Zeppelin.
« Une responsabilité écologique et sociale »
Enfin, en 2019, elle introduit le Grüner Kopf (Bouton vert), premier label gouvernemental pour les textiles issus d’une production équitable et respectueuse de l’environnement. VAUDE reste à ce jour le seul équipementier outdoor à voir 90% de ses produits certifiés par le Grüner Kopf.
Un parcours fulgurant qui suit un « fil conducteur vert » pour reprendre le moto de la marque. A savoir, « une responsabilité écologique et sociale dans la branche outdoor », expliquait récemment Antje von Dewitz, fille du fondateur de VAUDE et actuelle PDG de la marque, rappelant au passage que cette vision « pouvait aller de pair avec la réussite économique ». Une conclusion que ne démentirait certainement pas Bertrand Piccard, l’inventeur de l’aviation solaire. Le 16 avril dernier l’explorateur et scientifique suisse expliquait en effet dans une tribune relayée par Outside que le plan de sauvetage de l’économie européenne devait prendre résolument le virage du « Green Deal ». Ne serait-ce que parce « qu’il est devenu aujourd’hui plus rentable de protéger l’environnement que de le détruire. » concluait-il. Un argument percutant, mais que trop peu d’industriels encore semblent avoir compris.
Pour en savoir plus sur VAUDE et son rapport de durabilité, c’est ici.