L’ultratraileur népalais Sangé Sherpa n’entre dans aucune case. Capable d’enchaîner les ultras d’un week-end à l’autre, il s’entraîne peu en dehors des courses, travaille comme brancardier à Besançon, où il vit avec sa femme et ses enfants. Après une enfance et une adolescence difficiles à l’est du Népal, il rejoint Katmandou, où il devient sherpa. Là, il rencontre des étrangers, se passionne pour les autres cultures – en particulier la France –, se rapproche de l’Alliance française et apprend la langue de Molière avec talent. Une bourse lui ouvre la porte d’un stage dans l’Hexagone. Depuis, il y a posé ses valises… et truste régulièrement les podiums des ultras les plus exigeants.
18 juillet 2025, Sangé Sherpa signait une belle troisième place sur le Tiger Balm Ultra 01 (170 km, 9 000 m D+), au départ d’Oyonnax. Après une telle performance, la plupart des sportifs auraient levé le pied, le temps de récupérer avant de nouveaux objectifs. Pas lui. Deux semaines plus tard, le coureur venu de l’Himalaya s’élançait sur les 900 km de la Transpyrenea, traversée intégrale des Pyrénées d’est en ouest via le GR 10. Après 11 jours, 2 heures et 45 minutes d’effort, il franchissait la ligne d’arrivée en tête, main dans la main avec le Belge Evariest Callens.
Sangé Sherpa est fait d’un autre bois. Un bois exotique dont les essences plongent leurs racines au Népal, où il a vécu plus de vingt-cinq ans. Comme beaucoup de ses compatriotes, une enfance précaire et le métier de guide-sherpa lui ont forgé une résilience et une endurance hors normes, ainsi qu’une musculature idéale pour les efforts prolongés en montagne. Mais pas seulement : cela façonne aussi un caractère. Ses proches le décrivent en quelques mots : souriant, optimiste… mais aussi têtu ! Tous admirent surtout son goût de l’effort et sa capacité à endurer la douleur, bien au-delà de la moyenne.
Des trails partout en France
Le plus Français des Népalais parle couramment la langue de Molière, apprise à l’Alliance française de Katmandou. Alors qu’il est encore sherpa, il se passionne pour les cultures et les langues étrangères, et pour la France en particulier. Grâce à son sérieux et à ses excellents résultats en français, il décroche un stage qui l’amène à Besançon. Il y posera ses bagages pour de bon.
À la fois en quête de lumière sur les podiums et avide de discrétion, de silence et de solitude, Sangé Sherpa est un personnage complexe — « énigmatique », disent certains — mais sans aucun doute attachant. Le film de Valentin Orange est une belle occasion de le découvrir, car nul n’est à l’abri de croiser le compétiteur népalais sur un sentier français : à Chamonix, au Ventoux, à Aurillac ou dans le Puy-de-Dôme. C’est aussi cela, aimer la France.
Photo d'en-tête : Valentin Orange- Thèmes :
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