Fin août, les visiteurs de Livigno, petite station lombarde située à 1 816 mètres d’altitude, sont tombés sur une scène pour le moins inhabituelle : une piste de ski de fond aménagée en plein centre du village, alors que l’été battait son plein. Une transformation rendue possible grâce au snowfarming permettant de stocker la neige durant plusieurs mois pour la réutiliser hors saison. Procédé bien connu, cette technique de conservation de la neige a soulevé la polémique au Grand Bornand, les hivers derniers. En Italie, elle est utilisée deux fois par an hors saison, et l’exploitant en défend tous les avantages.
Près de 3 000 m³ de neige, préservés depuis l’hiver dernier, ont été déplacés et damés pour deux épreuves le « BWT 1k Shot » et la « Gara da li Contrada » [littéralement « Sprint 1 km » et « course des quartiers »], qui associent compétitions officielles et courses populaires. La rue principale de Livigno s’est ainsi muée en piste de ski de fond et en rampe pour des démonstrations de freestyle. Athlètes professionnels, dont des membres de l’équipe nationale italienne, et amateurs se sont succédé devant le public. La soirée s’est terminée avec du Ski Vintage, une course décalée où les participants portaient un équipement d’époque.
La réserve de neige du « Petit Tibet »
Si une partie de cette neige sert à animer le village en plein été, le reste — environ 45 000 m³ au total — est conservé pour préparer un anneau de ski de fond dès le mois d’octobre. Un dispositif que la municipalité présente comme un atout majeur pour les équipes professionnelles qui viennent s’entraîner en altitude dans ce que les habitants surnomment le « Petit Tibet ».
Ce procédé est apparu dans les Alpes dans les année 2000, en Autriche, puis en Suisse. Il faudra attendre 2015 pour le voir arriver en France, à Bessans, en Savoie. Depuis, il a fait des émules. Et provoqué beaucoup de remous. Notamment au Grand-Bornand où depuis 2022 la station y a massivement recours pour organiser la coupe du monde de biathlon, au mépris de toute logique environnementale.
La station de Livigno l’utilise, elle, depuis 2016. Sa technique repose sur un stockage hivernal au centre du village. Les tas de neige sont recouverts de copeaux de bois puis protégés par une bâche géotextile qui limite la fonte en réfléchissant les rayons du soleil. Selon la commune, cette méthode présente plusieurs bénéfices : réduire le transport de neige en début de saison ; limiter la production artificielle en octobre et… proposer un événement inédit en août. Pour le village, c’est aussi l’occasion de tester des solutions techniques et de renforcer son image de destination sportive quatre saisons. La station accueillera en 2026 certaines épreuves des Jeux olympiques de Milan-Cortina, notamment en ski et snowboard freestyle.
Photo d'en-tête : Livigno Next