« J’ai survécu à l’un des sommets les plus mortels des Alpes ! (1 an après l’Everest) » : le titre du documentaire donne la couleur : il va y avoir du pathos ! Après l’énorme succès de Kaizen, Inoxtag entend bien garder sa communauté en haleine avec ses aventures en montagne. Pas d’Everest, cette fois, mais la mise en scène fera le job. Résultat : plus de 2 millions de vues depuis la mise en ligne hier du récit de son ascension de l’aiguille Verte, réalisée en mode alpin en mars dernier. Un film de 40 minutes qui commence plutôt mal, mais qui marque quelques points.
L’aiguille Verte, un sommet emblématique du massif du Mont-Blanc situé à 4 122 mètres d’altitude. Gageons toutefois que les 20 millions de followers d’Inoxtag n’en avaient jamais entendu parler avant l’annonce en mars dernier de son nouveau défi : gravir la géante de glace et de roche, sans corde fixe, comme il se doit en style alpin. Mais depuis la mise en ligne, hier, de ce qu’on peut qualifier de deuxième film de montagne de l’influenceur, sobrement intitulé « J’ai survécu à l’un des sommets les plus mortels des Alpes ! (1 an après l’Everest) », sûr que l’aiguille Verte a de bonnes chances de détrôner le mont Blanc au rang des sommets à gravir vite fait. Au passage, un autre message sera aussi entré dans la tête des spectateurs : l’importance de bien s’hydrater en utilisant la gourde du sponsor de l’expédition, dont nous terrons ici le nom. Car, dès le début du film, nous avons déjà dû subir de longues minutes de présentation par Inoxtag – au comble du ravissement devant cette invention qui « donne envie de boire de l’eau (aromatisée) – secondé par son guide, un Mathis Dumas visiblement moins à l’aise dans le rôle de l’homme-sandwich.
Une séquence d’ouverture, qui, avouons-le, nous a donner envie d’en arrêter là. Mais le choix de l’aiguille Verte, quand même, ça interroge. Car si ce sommet n’est guère connu du grand public, les alpinistes apprécient toute la difficulté de son ascension sans concession où l’engagement est absolu. « Avant la Verte on est alpiniste, à la Verte on devient montagnard ! », cette fameuse citation de Gaston Rébuffat (glissée dans le documentaire) est là pour le rappeler.
Un bon point donc pour Inoxtag et Mathis Dumas, son compagnon de cordée sur l’Everest, que le youtubeur serait lui-même venu solliciter, dit-il, pour ce deuxième défi. Plutôt gonflé (ou inconscient ?) quand on apprend qu’il n’a pas fait de cardio depuis un an, son entraînement se limitant à « de la muscu » explique-t-il. Quatre jours de ski de rando ont pourtant suffi à le remettre en forme, preuve qu’Inox avait de beaux restes quand même.
À défaut de pouvoir jouer sur la souffrance du héros de l’histoire, c’est donc la carte du danger « sur cette montagne où la moindre erreur peut être fatale », que joue le film, en y mettant les grands moyens. Séquence hélico (!), gros plans sur les crevasses et le vide, recours à la 3D, animations, « flash-backs émotion » sur la fameuse expédition sur l’Everest, le montage est rapide, calibré, efficace. Reste le son. Hollywoodien, terriblement omniprésent. Il suffit de le couper, pour que la tension tombe.
On se serait bien passé d’une telle dramatisation. Car l’action se suffit à elle-même. On se surprend ainsi à suivre Inoxtag sur la longue séquence en parapente. Moins pour ses problèmes gastriques, que pour l’émotion qui se dégage de ce vol magnifiquement tourné. L’ascension et la descente réussies, Inoxtag semble comblé, visiblement gagné par la montagne.
Dommage qu’en fin de film, le réalisateur se soit senti obligé de nous asséner un discours sur le rôle du youtubeur : « Tu portes un drapeau, gars. Le drapeau de l’honnêteté, de la sincérité, le rapport à la montagne. Toutes les valeurs de l’alpinisme, de l’entraide, et tout ça… Tu portes tellement de valeurs en toi ! Tu fais un pas de travers, c’est normal que ça te mette la pression », entend-on.
À méditer. En attendant la sortie d’une autre vidéo : le récit de ces fameux 4 jours d’acclimatation qu’Inoxtag nous promet pour bientôt. Du lourd, visiblement : « En comparaison de ma préparation pour l’Everest, l’année dernière je pensais que ces 4 jours allaient être plutôt faciles mais je suis très vite rattrapé par la réalité, la reprise est dure. (…). Tu as vu comme tu oublies, mec, c’est une dinguerie. On oublie tellement vite qu’on a souffert pendant tous les entraînements. Pour de vrai, j’ai morflé je le savais, et là je morfle » dit-il.
Photo d'en-tête : Inoxtag