C’est un film étonnant et très intime que livre aujourd’hui l’un des parapentistes les plus créatifs au monde. Pionnier du vol de proximité, le Français est capable d’évoluer au ras de la pente en donnant une sensation de légèreté, comme aucun autre pilote. De quoi lui permettre de créer des mises en scène aériennes inédites aux allures de rêve éveillé. S’il est célèbre pour des vidéos acrobatiques devenues virales – plus de 52 millions de vues pour « Weightless » – on sait moins que sous cette soif d’explorations aériennes tous azimuts se cache la perte de son père, disparu dans un accident d’hélicoptère alors qu’il était en mission de secours dans le massif des Écrins. Jean-Baptiste n’avait alors que 10 ans. Huit ans plus tard, c’est sa mère qui disparaît brutalement. L’année suivante, enfin majeur, il se lance dans le parapente. Depuis, il n’a cessé d’en repousser les limites, comme l’illustre ici son dernier film. Une pépite de 3 minutes qu’il aimerait bien voir nous donner des ailes : « Parce que la vie, c’est maintenant. Et c’est chouette. », dit-il.
« Enfant, je rêvais de m’envoler depuis la cour de récréation pour slalomer entre les clochers de la vieille ville », raconte Jean-Baptiste, 39 ans. « Ces rêves de gamin ont pris une dimension inattendue quand la vie m’a confronté brutalement à sa fragilité – perdre son père à 10 ans, sa mère à 18 ans. À un âge où d’autres se croient immortels, je me suis senti « le prochain sur la liste », une révélation habituellement réservée aux dernières étapes de la vie.
Cette conscience précoce que le temps nous est compté m’a poussé, très jeune, vers ce qui m’animait vraiment : voler. Paradoxalement, cette tragédie est devenue ma chance – celle de ne pas remettre à demain ce qui brûle en moi.
« Why I fly » est une tentative de mettre en images cette sensation de vol pur, de partager visuellement ce qui ne peut se décrire avec des mots. Mais au-delà de la beauté du parapente et de la liberté qu’il procure, cette vidéo porte un message plus profond : celui d’écouter ce déclic intérieur, cette envie viscérale qui nous anime.
Que ce soit pour voler ou pour réaliser n’importe quel autre rêve, l’invitation est la même : ne pas procrastiner sa vie, ne pas reporter ses envies à demain ou à une hypothétique prochaine existence.
Parce que la vie, c’est maintenant. Et c’est chouette. », conclut-il.
Ce message est le fil conducteur de sa dernière production, « Why I fly » (pourquoi je vole). Sans doute son projet le plus intime, qui lève le voile sur son passé, ses blessures, et les raisons profondes qui le poussent à voler. Bien plus original et onirique que ses réalisations précédentes, c’est une mise à nu artistique où il raconte son moteur intérieur : le décès de ses parents, mais aussi l’élan vital qui en a découlé. Une formidable leçon de vie, doublée d’une prouesse technique. Le parapentiste, auquel on doit notamment la conception de la voile la plus légère au monde – utilisée par Benjamin Védrines lors de son record de vitesse sur le K2 – fait ici une éblouissante démonstration de son style, mix de légèreté et d’audace. Une créativité soutenue par une post production qui ne doit rien à l’IA, mais à cinq mois de retouches, plan par plan. Une prouesse de plus, et non des moindres.
Photo d'en-tête : Salewa