80 ateliers animés par des athlètes pro et des guides chamoniards, des conférences, des films et des concerts… c’est ce que proposait cette année encore Arc’teryx du 3 au 6 juillet dernier à Chamonix. Qu’on soit grimpeur, traileur ou alpiniste, c’était l’occasion de tester de nouvelles disciplines et de se perfectionner avec les meilleurs, le tout dans une ambiance de festival, expliquait la marque canadienne sur son site. Tentant, d’autant que toutes les activités du village étaient gratuites et celles en montagne à des tarifs très abordables. Mais qu’en est-il vraiment sur le terrain ? Le plus simple était d’aller le vérifier en nous glissant dans la peau d’un participant. On n’a pas été déçu.
Impossible de passer à côté de l’Arc’teryx Alpine Academy en arrivant à Chamonix, c’est le plus gros événement éducatif organisé par la marque canadienne au niveau mondial. Le seul événement « alpi » de cette ampleur-là dans les Alpes. Du 3 au 6 juillet dernier, il occupait une place centrale dans la ville. La foule est compacte, mais on est loin de l’ambiance « compet » de l’UTMB attendue fin août. Ici, le rythme est assez lent, on se pose, on n’est pas dans le spectaculaire. On n’est pas là pour courir après les chronos, mais, chacun à son niveau, pour s’immerger dans la communauté outdoor, vivre des expériences liées de près ou de loin à la montagne et y glaner au passage de l’inspiration et, pourquoi pas, s’ouvrir à de nouvelles pratiques.
Le message semble être passé parmi les passionnés de montagne, tous âges confondus, qui convergent vers le parc Couttet, où l’Alpine Village est installé pour quatre jours. Point de ralliement, c’est là qu’invariablement on se retrouve pour participer à un atelier, prendre un verre un bar, s’essayer à l’escalade sur le mur installé pour l’occasion, assister à une conférence et à une projection, ou tester du matériel technique de la marque. Un énorme hub sportif et culturel, en fait, où l’on peut croiser une cinquantaine d’athlètes de la team Arc’teryx. Notamment Martin Kern, 4e à la Diagonale des Fous 2024, Elise Poncet, fraiche détentrice du record de l’ascension du mont Blanc à skis, ou les grimpeurs Nina Caprez, Ashima Shiraishi ou Will Gadd, pour ne citer qu’eux. Ils sont là pour animer l’un des 80 ateliers ouverts cette année, ou partager leur expérience, leur passion et leur esprit. « J’adore les Arc’teryx Academies », m’explique Alannah Hip, grimpeuse canadienne, également ingénieure au département recherche de la marque. « Ça permet de connecter avec plein de gens, de partager notre passion. J’adore animer des stages, transmettre nos connaissances, rencontrer des personnes enthousiastes ».
L’occasion de tester aussi des discipline hybrides
En quatorze ans d’existence, cet événement hybride et immersif a pris une dimension qu’Arc’teryx n’imaginait certainement pas. « Les premières années, il n’y avait que deux petites tentes, un écran, et parfois, le soir, on avait un mec qui jouait de la gratte », se souvient Stéphane Tenailleau, Brand Marketing EMEA de la marque. « À l’époque, nos ateliers, les « clinics », attiraient 80 personnes. Cette année, on arrive à 14 000, de 35 nationalités différentes ».
Parmi eux, des débutants, mais aussi, beaucoup de grimpeurs, traileurs ou alpinistes déjà expérimentés venus parfaire leur technique auprès d’athlètes pros et de guides de Chamonix Experience (CHAMEX), ou tester les derniers équipements d’une marque de montagne réputée pour sa technicité et ses innovations. Les plus curieux viennent aussi pour découvrir des disciplines un peu hybrides, « intermédiaires », comme le dry tooling par exemple. Des activités qui, au fil des années, sont venues enrichir l’offre. Toutes ne sont pas physiques, nombre d’entre elles sont éducatives et portent sur des sujets tels que la sécurité, l’impact environnemental ou la photographie de montagne par exemple.
De tout petits groupes encadrés par des athlètes pro
Pour mon premier atelier, j’ai misé sur une discipline que je connais bien, le trail. Je suis tenté de m’inscrire à celui de Martin Kern, histoire de pousser mes limites. Il propose de courir deux jours sur la plus belle partie du tour du mont-blanc. Mais le temps me manque. Je mets donc le cap sur « initiation trail », une pratique intégrée depuis peu à l’événement. Elle est organisée au-dessus d’Argentière, avec Florian Reichert, athlète allemand grand et sec, format François D’Haene. À 43 ans, c’est un ancien membre de l’équipe nationale allemande. Au programme, une boucle d’environ 10K et 1 000D+ à proximité de Vallorcine. Je suis curieux d’écouter les conseils qui seront le socle de l’apprentissage des quatre autres participants à l’atelier, de vrais novices, eux. Les groupes sont toujours assez restreints, de 4 à 12 personnes. C’est une chance inouïe d’apprendre avec des professionnels en si petit comité. Cette fois, on aborde les fondamentaux : comment économiser son énergie en montée ; le bon usage des bâtons ; l’importance de ses sensations sur des sentiers irréguliers ou encore la manière d’appréhender une descente. Courir, de surcroît en montagne, ça s’apprend : une évidence qui ne sautait pas aux yeux de tous au départ de notre petit groupe.
Après plus de 3 heures de sortie – pauses explicatives incluses (de la nutrition à la sécurité en montagne, tout est passé en revue), retour à Chamonix, direction le parc Couttet. Une conférence y est en cours : « Leçons tirées de la montagne par des femmes athlètes ». Les intervenantes : Matilda Söderlund (escalade), Ines Papert et Sarah Hueniken (alpinisme), Elise Poncet (trail) et Shelma Jun (fondactrice de Flash Foxy). Le public est dense, le sujet fait recette dans un évènement où 45% des participants sont des femmes. Une évolution telle, que cette année huit ateliers leurs sont exclusivement réservés afin qu’elles puissent, par exemple, oser grimper en tête. Aux commandes en escalade : Matilda Söderlund (pro grimpant en 9a) ou Sarah Hueniken (triple championne du monde d’escalade sur glace catégorie difficulté en 2013, 2014, 2015).
Une approche globale de la montagne
Une approche inclusive, une ouverture d’esprit qui ne sont pas pour déplaire à Elise Poncet. Si elle a rejoint la marque canadienne il y a deux ans, c’est aussi pour ça. Rattachée à l’équipe trail, elle peut aussi s’exprimer en ski, son autre passion. « Chez Arc’teryx, ils sont vraiment pour qu’on fasse plein d’autres choses à côté », m’explique-t-elle, « parce que c’est une marque de montagne globale. Donc rien ne m’empêche d’aller faire des projets avec des freeriders ».
D’une discipline à l’autre, les passages sont aussi facilités à Chamonix. Quel que soit son niveau. Du coup, je me laisse tenter par une initiation à l’alpinisme programmée le lendemain. Ma seule expérience jusqu’ici : l’ascension de l’Huayna Potosi (6 088 m) en Bolivie, un 6 000 réputé facile. Le but de la sortie, encadrée par le guide de haute montagne Michel Coranotte (ex-skieur champion de France 1982 de combiné alpin), consiste à se familiariser avec l’esprit de cordée, à marcher avec des crampons sur glacier et à découvrir le matériel indispensable à tout alpiniste (équipement technique – chaussures, crampons, casque, piolet, baudrier – prêté par la marque ). L’initiation se déroule depuis la pointe Helbronner (3 466 m). Les conseils du guide rythment notre lente procession. De l’art de tendre la corde, à celui de planter le piolet en cas de chute, tout y passe.
Des ateliers très pointus à des prix abordables
Évidemment, cette initiation n’a rien à voir avec des ateliers plus engagés comme les quatre jours en montagne pour se perfectionner à l’alpinisme ou les deux jours de grimpe avec Fred Degoulet et Benjamin Ribeyre, connus, entre autres, pour avoir traversé en neuf jours en autonomie la Mer de Glace en passant par les sommets les plus iconiques du massif du mont Blanc.
C’est l’un des ateliers les plus pointus, dont le prix reste quand même très abordable (619 euros) au regard de la prestation offerte. Il est à mettre en perspective par rapport aux tarifs pratiqués hors Academy : une journée d’initiation à l’alpinisme avec un guide de haute montagne à Chamonix coûte en moyenne 450 euros. Cela dit, les premiers ateliers payants (en montagne) sont accessibles à partir de 59 euros la demi-journée et toutes les activités du village son gratuites. L’idée étant, m’explique Stéphane Tenailleau, d’offrir des expériences exceptionnelles à des prix démocratiques. « Parce que notre but, c’est d’éduquer le plus de gens possible. De partager notre passion pour la montagne avec le plus grand nombre. Sans nous prendre au sérieux ».
Ce côté-là, j’en aurai un aperçu le soir même. De retour au parc Couttet, les conférences et projections de films se poursuivent, suivies, au soir, des concerts. Une programmation culturelle devenue de plus en plus éclectique au fil des années, et toujours entièrement gratuite. Les corps sont fatigués, mais le line up concocté par les organisateurs est digne d’un festival international. Sur scène et aux platines, Dr Dubplate, Moxie, Kokoroko ou encore Joy Orbison assureront jusqu’au petit matin, du parc à la Folie Douce. L’énergie est palpable. J’étais venu pour apprendre deux trois choses, j’en reviens reboosté par une expérience festive, communautaire.
Cet article a été produit avec le soutien d’Arc’teryx. Pour en savoir plus sur le festival, rendez-vous sur www.chamonix.arcteryxacademy.com.
Photo d'en-tête : Arc'teryx
