Que s’est-il passé le 29 avril 2018 sur la Haute Route, le fameux raid Chamonix-Zermatt ? Ce jour-là, un groupe de 9 skieurs, dirigé par le guide expérimenté Mario Castiglioni, s’y engageait, malgré les mauvaises conditions annoncées. Trois d’entre eux seulement seront retrouvés vivants. Tous les autres, soit 7 personnes, dont le guide lui-même, seront retrouvés morts de froid et d’épuisement, à seulement 550 mètres du refuge qu’ils tentaient de gagner, racontions-nous quelques mois plus tard dans un long article. A l’issue de notre enquête, certaines zones d’ombre subsistaient encore. Aussi est-il passionnant aujourd’hui de se plonger dans le documentaire de 90 minutes disponible sur Arte jusqu’au 9 juin 2024, fidèle reconstitution des faits, complétée par des images d’archives et surtout par le témoignage direct des trois survivants, et de l’alpiniste américain Steve House, également présent dans la zone à l’époque.
Souvent surjouées et peu crédibles, les reconstitutions historiques sont rarement réussies, or « Mortelle tempête dans les Alpes. Drame sur la Haute Route » fait exception. Après deux ans de recherches, le réalisateur suisse Frank Senn, auquel on doit déjà « Sherpas, les véritables héros de l’Everest » est parvenu à mettre en images toutes les étapes d’une expédition banale qui a tourné au drame, déclenchant l’une des plus grandes opérations de sauvetage organisées dans les Alpes suisses. Le 29 avril 2018, sept skieurs de randonnée d’un groupe de dix personnes ont en effet trouvé la mort sous la Pigne d’Arolla (3 796 m, Val d’Hérens), sur la légendaire Haute Route, parcours de ski de randonnées entre Chamonix et Zermatt, dans le canton du Valais. Perdus dans la tempête, quatre femmes et trois hommes n’ont pas survécu à une nuit dehors, par -20°C, à 3270 m d’altitude sur une arête arrosée par de fortes chutes de neige et balayée par des rafales de vent frôlant les 150 km/h.
S’agissait-il d’un accident dû au mauvais temps arrivé plus vite qu’annoncé ? Ou d’une erreur humaine de la part de Mario Castiglioni, de la société MLG Mountain Guide, guide trop confiant, peu communiquant et peut-être mal équipé ? Nous demandions nous déjà dans l’enquête que nous consacrions en janvier 2919 à cette affaire. Afin de trouver des réponses, Frank Senn revient sur ce drame avec minutie grâce à de solides témoignages, des extraits du rapport d’enquête des autorités suisses ainsi que des documents et des photos d’archives, complétés par des scènes reconstituées avec effets numériques (VFX) donnant toute l’intensité dramatique de la situation, notamment pour les scènes de la tempête.
Pour la première fois devant une caméra, les trois survivants – un architecte milanais de 49 ans, un Tessinois de 72 ans et une Allemande de 47 ans – les équipes de secours ainsi que le célèbre alpiniste américain Steve House et deux couples de Français, tous partis le même jour sur la même voie, donnent leur version du drame.
Très bien monté, ce film de 90 minutes montre précisément ce qui s’est passé, explique où et quand ont été prises les décisions qui ont conduit à la mort tragique des skieurs, et pourquoi le groupe de Français, pris lui aussi dans la tempête, a survécu. Grâce aux données GPS des participants analysées dans le rapport d’enquête officiel et aux récits des personnes impliquées, les dernières 24 heures sont ainsi minutieusement retracées.
Notre sélection des meilleurs films d’aventure disponibles en streaming et libre accès.
SKI & SNOW ∙ ALPINISME ∙ ESCALADE ∙ VOILE ∙ RUNNING ∙ SURF ∙ VÉLO ∙ AVENTURE ∙ ENVIRONNEMENT