En cette fin d’année 2025, c’est une petite bombe que vient de lancer le gouvernement fidjien. Il envisage en effet de rétablir un système de paiement pour accéder à certains spots de surf parmi les plus réputés au monde. En toile de fond : une initiative apparemment louable, la volonté de reconnaître les droits coutumiers des communautés iTaukei, longtemps privées des retombées économiques du tourisme. Mais cette réforme sensible, qui ravive de profondes tensions entre justice historique, économie du surf et accès libre à l’océan, pourrait faire des émules moins bien intentionnés dans le Pacifique… ou ailleurs. Le projet de loi porté par le gouvernement du Premier ministre Sitiveni Rabuka, approuvé le 24 novembre, vise à modifier le cadre hérité de 2010, année où l’État fidjien avait ouvert l’accès aux vagues à tous, mettant fin aux exclusivités autrefois accordées à certains resorts étrangers, qui facturaient parfois plusieurs centaines de dollars par jour, excluant, de fait, les surfeurs locaux. À l’époque, la mesure avait été saluée comme une victoire pour la liberté d’accès et la démocratisation du surf. Mais quinze ans plus tard, le constat est plus nuancé. Les communautés autochtones mélanésiennes des Fidji, les iTaukei, qui représentent environ 57 % de la population, estiment avoir été largement exclues des bénéfices économiques générés par cette industrie florissante. Leur grief ne date pas d’hier : les vagues qui font rêver le monde entier déferlent sur des espaces marins – les qoliqoli – qui, selon la coutume, leur appartiennent, mais dont ils ont été progressivement dépossédés, sans réelle compensation à ce jour. Des récifs confisqués Dans l’archipel des Mamanuca, autour de spots mythiques comme Cloudbreak, Restaurants ou Wilkes, la situation est particulièrement sensible. Ces zones, prisées pour leurs récifs puissants et réguliers, correspondent aussi à des lieux de pêche traditionnels. Une activité essentielle pour la sécurité alimentaire locale, qui assure par ailleurs 8 à 10 % de l’emploi direct dans les zones rurales côtières. Pendant des décennies, les pêcheurs…
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