Une nouvelle page de la légende de Baintha Brakk (7 285 m), sommet connu sous le nom de L’Ogre, s’écrit actuellement dans le Karakoram. Une équipe russe dirigée par Alexander Parfenov, initialement tournée vers la face nord — la plus engagée — a dû reprogrammer son approche, mais elle s’est finalement lancée sur la face sud malgré la météo capricieuse et la récente évacuation médicale d’un de ses membres. En plus d’un demi-siècle, seules trois cordées sont parvenues au sommet. Et plus d’une vingtaine s’y sont essayées. En vain. Accidents, disparitions, rien ne leur aura été épargné. S’y attaquer relève d’un défi comparable à celui du K2, mais avec des conditions plus sévères encore. « L’Ogre ». Lorsqu’à la fin du XIXe siècle l’explorateur William Martin Conway découvre le Baintha Brakk, montagne pakistanaise surplombant le glacier de Biafo de ses deux sommets distincts, cette image lui vient immédiatement à l’esprit. Il effectuait alors la liaison Nagar-Askole par le col d’Hispar, le surnom restera à cette montagne aussi fascinante qu’hostile. Depuis les années 70, sa dent de granite fixe d’un œil impassible les alpinistes les plus aguerris. À 7 285 m, ce n’est pas le plus haut des géants himalayens, mais sans doute l’un des dix plus difficiles au monde, car à son altitude s’ajoute la technicité du big-wall de roche pure. Le monolithe est si raide qu’il semble déchirer le ciel et avaler quiconque s’y frotte. « En le regardant, on dirait une montagne volée à la Patagonie et placée dans le KaraKorum. Mais à plus de 7 000 mètres. Une montagne que Doug Scott [ première ascension réussie] avait définie comme le 7 000 impossible », raconte Matteo Della Bordella. Fasciné lui aussi, il y tentera sa chance en 2023 avec Silvan Schüpbach, François Cazzanelli, et Symon Welfringer. Mais les quatre alpinistes ajouteront leur nom à la longue liste des cordées malheureuses. Deux jambes brisées, une pneumonie Dans les années 1970, plusieurs expéditions – britanniques et japonaises – échouent en effet, stoppées par la météo, les avalanches, des problèmes logistiques et l’impossibilité de franchir les…
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