Chaque année, environ 300 000 pauvres trafiquants, les kolbars, passent d’Irak en Iran par les sommets de plus de 4 000 mètres des monts Zagros pour apporter des marchandises aux kurdes opprimés. Face aux gardes-frontières, mille dangers attendent ces misérables montagnards : la mort par balle, l’emprisonnement, la chute dans un ravin ou l’avalanche. Notre journaliste, reporter de guerre, est parti à leurs côtés sur les plus hauts sommets pour enquêter sur ce commerce du désespoir qui fait plus de morts que sur les 14 sommets de plus 8000 m de l’Himalaya et du Karakoram réunis. Son long récit est bouleversant. PREMIERE PARTIE En nous dirigeant vers l’est, à travers le Kurdistan irakien, vers les monts Zagros et la frontière avec l’Iran, nous passons d’une terre de sable et de poussière aux prairies vertes de la Mésopotamie avant de traverser des champs d’orge et des vergers. Arrivés au pied des collines, nous suivons une nuée de martinets jusqu’à un canyon plongeant au cœur du massif. Au bout d’un moment, la gorge débouche sur un amphithéâtre rocheux qui renferme la petite ville frontalière de Tawella. C’est là, devant un entrepôt situé à proximité du bazar, que je tombe sur un vieux montagnard qui accepte de me parler des contrebandiers. « Voilà comment ça se passe : mes quatre fils sortent des cartons de l’entrepôt, des climatiseurs d’une trentaine de kilos », m’explique l’homme. « Ensuite, ils les emballent dans des sacs en plastique pour les protéger de la pluie et de la poussière, puis les attachent quatre par quatre sur des mules. Une fois les bêtes chargées, mes garçons les conduisent hors du ravin de Tawella. En évitant les patrouilles frontalières et les mines laissées il y a quarante ans par la guerre Iran-Irak, ils se glissent entre les rangers de noyers, avant de se faufiler entre les bosquets de chênes sauvages. Au-dessus d’eux, des fissures et des grottes, où vivaient autrefois des familles néolithiques,…
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