Septembre 1958. Val-David, berceau de l’escalade au Québec. Deux jeunes grimpeurs se lancent dans l’ouverture d’une ligne pas comme les autres. Une voie impressionnante comme on en voit peu : un toit avec une fissure que Bernard « Ben » Poisson enchaîne en artif dès le premier essai. Ce documentaire de 14 minutes produit par Arc’teryx qui raconte avec brio cet exploit n’est qu’un prétexte pour présenter Bernard qui nous partage sa vie, son amour pour la grimpe, la montagne et sa femme Jacqueline dont il parle toujours – à 91 ans au moment du tournage – avec des étincelles dans les yeux. Un moment de vie plein d’énergie !
Dessinateur, concepteur, menuisier ou encore sculpteur, Bernard Poisson était avant tout un artisan dans la définition la plus complète du terme. Mais l’homme qui dans les années 50 œuvrait dans les studios de Radio-Canada était également un grand amateur d’escalade. Alors la première fois qu’il met les pieds au mont King, dans les Laurentides au nord de Montréal, haut lieu de l’escalade québéquoise, il ne peut détacher son regard du plafond spectaculaire. « Quelle chance, il y a une fissure ! » se dit-il. « La géométrie parfaite du toit du Mont-King et sa nature aérienne défient toutes les conventions et stimulent le grimpeur », écrit Hugo Drouin dans « Roche, glace et fleurdelisé » son histoire de l’escalade au Québec. C’est dit, il doit l’escalader !
Immédiatement emballé, l’ingénieux grimpeur va fabriquer lui-même les équipements dont il a besoin. Des coins (coinceurs) en chêne, conçus pour épouser la fissure du toit. « Le 14 septembre 1958, Bernard Poisson équipe le toit avec son ami Erwin Hogson. Dès la fin de semaine suivante, il est de retour au Mont-King avec son compagnon de cordée, Claude Lavallée. Un simple baudrier de poitrine et des échelles (étriers) munies de marches métalliques acquises chez Montréal Camping et mousquetonnées dans des cordelettes de chanvre enfilées dans les ‘coins de bois’ lui permettent de progresser dans le vide absolu. », raconte Hugo Drouin.
« C’est la vire, ou le sol ! »
« Le maître de la troisième dimension enfonce deux bons pitons à la lèvre du toit, mais la perspective d’un relais suspendu n’enthousiaste pas Claude Lavallée. Poisson fait face à un dilemme : il a repéré une vire une dizaine de mètres plus haut, mais le tirage de la corde rendrait impraticable un telle finale.
Ben décide de risquer le tout pour le tout. Il tire, tire et tire encore de la corde de façon à disposer de suffisamment de jeu pour se rendre à la vire. Une chute avec autant de mou aurait certainement des conséquences dévastatrices ! C’est la vire ou le sol ! En cet équinoxe d’automne, Bernard Poisson a la main chanceuse. Il gagne la vire sans complication. Claude Lavallée le rejoint rapidement, empochant au passage la première en libre de la section verticale.
Il faudra attendre près de trente ans (!) pour qu’un jeune virtuose réussisse en libre cet emblème de l’escalade québécoise, longtemps considérée la voie d’artificiel la plus avant-gardiste de Val-David. « , conclut Hugo Drouin.
Si cette ascension a marqué à jamais Bernard Poisson. Son parcours ne s’est pas arrêté là. Il est aujourd’hui âgé de 91 ans, mais cette passion pour l’aventure, il la partagera toute sa vie aux côtés de sa femme, Jacqueline, avec qui il grimpera jusqu’à l’âge de 78 ans.
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